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Nicolas Sarkozy maintient le cap à droite toute

Nicolas Sarkozy a maintenu jeudi le cap à droite toute pour tenter de rallier à sa cause les électeurs du Front national, une stratégie susceptible de lui aliéner les centristes et qualifiée de "fuite en avant" par François Hollande. /Photo prise le 26 av

Nicolas Sarkozy a maintenu jeudi le cap à droite toute pour tenter de rallier à sa cause les électeurs du Front national, une stratégie susceptible de lui aliéner les centristes et qualifiée de "fuite en avant" par François Hollande. /Photo prise le 26 av - -

PARIS (Reuters) - Nicolas Sarkozy a maintenu jeudi le cap à droite toute pour tenter de rallier à sa cause les électeurs du Front national, une...

PARIS (Reuters) - Nicolas Sarkozy a maintenu jeudi le cap à droite toute pour tenter de rallier à sa cause les électeurs du Front national, une stratégie susceptible de lui aliéner les centristes et qualifiée de "fuite en avant" par François Hollande.

Le président-candidat a dénoncé des procès d'intention et rejeté tout accord avec le Front national en réponse à ceux qui l'accusent d'avoir franchi la ligne jaune pour capter les voix de Marine Le Pen en vue du second tour de la présidentielle.

Mais il s'est refusé à trouver quoi que soit d'inacceptable dans le discours du FN et a estimé que les 17,9% des voix qui se sont portés sur sa dirigeante n'étaient pas d'extrême droite.

"Ces six millions et demi de Français, ils ne sont pas séduits par les thèses de l'extrême droite", a-t-il dit sur France Inter. "J'en suis absolument certain."

Plus tard, lors d'un meeting au Raincy (Seine-Saint-Denis), le département où la délinquance est la plus élevée de France, il a enfoncé le clou devant 2.000 sympathisants.

"Qu'est-ce que je dois faire? Comme M. Hollande, me boucher le nez en regardant ces 6,5 millions de Français?" a-t-il lancé. "Je leur dis, je vous respecte, je vous entends et, d'une certaine façon, je vous comprends."

Il a apporté lors de ce meeting son soutien à des policiers furieux de la mise en examen d'un des leurs pour homicide volontaire après la mort d'un délinquant.

Le chef de l'Etat sortant a souhaité la mise en place d'une "présomption de légitime défense" pour les fonctionnaires dans l'exercice de leurs fonctions. Or, cette proposition a déjà été faite par la présidente du Front national.

IL Y A DES LIMITES, DIT HOLLANDE

A demi-mot, des responsables de la majorité regrettent que Nicolas Sarkozy se soit lancé dans une tentative de séduction des électeurs FN plutôt que de défendre son bilan, compromettant ainsi une possible alliance avec le centriste François Bayrou.

Dans le Monde, daté de vendredi, l'ex-Premier ministre Jean-Pierre Raffarin estime ainsi que l'heure est au "combat" et à la "loyauté", mais prévient que "le temps de l'analyse" de la stratégie de campagne "viendra après le 6 mai".

Le candidat centriste François Bayrou, qui n'a pas fait encore connaître son choix pour le second tour, avait auparavant accusé Nicolas Sarkozy de "valider" le discours du Front national.

François Hollande, le rival de Nicolas Sarkozy, a aussitôt dit comprendre le président du MoDem, dénonçant une "fuite en avant" derrière Marine Le Pen.

"Il a compris que l'attitude de Nicolas Sarkozy était une vraie fuite en avant, c'est-à-dire une course derrière les thèses du Front national et qu'il y a des limites à poser", a dit le candidat socialiste sur France Info.

Mais Marine Le Pen, qui détient en partie les clefs du second tour, a renvoyé dos à dos Nicolas Sarkozy et François Hollande, jugeant leur quête des voix Front national "illégitime".

VICTOIRE ANNONCÉE DE HOLLANDE

Dans une lettre ouverte aux finalistes, transmise à Reuters, elle juge inadmissible de dire que ses électeurs ne voulaient pas la porter à l'Elysée et qu'il s'agit d'un "vote de crise", de "désespérance", "d'extrême droite" ou "xénophobe".

"Je considère qu'il est de mon devoir de défendre l'honneur de mes électeurs, et de demander qu'on cesse de les mépriser. J'estime que votre attitude jusqu'ici rend votre quête de ces voix particulièrement illégitime", écrit-elle.

Marine Le Pen avait auparavant demandé sur RTL au président-candidat et aux dirigeants de l'UMP une réponse claire sur ce que la consigne que l'UMP donnerait en cas de duel entre des candidats du PS et du FN aux élections législatives de juin.

La dirigeante du FN, qui doit annoncer sa position personnelle pour le second tour le 1er mai, semble avoir laissé la porte ouverte à une prise de position, alors que les cadres de son parti évoquaient jusque-là un vote blanc.

Nicolas Sarkozy, qui a souligné que l'UMP aurait "des candidats partout", a estimé que la question du choix à faire en cas de duels PS-FN aux législatives ne se posait pas et a rappelé à l'ordre les membres de sa majorité qui ont fait savoir, comme l'ancienne ministre des Sports Chantal Jouanno, qu'ils voteraient alors socialiste.

Cette offensive de Nicolas Sarkozy s'explique par sa situation très délicate, les sondages d'opinion le donnant battu avec un écart minimum de six points le 6 mai prochain.

Interrogés sur leur pronostic, 63% des Français parient sur une victoire du candidat socialiste François Hollande, selon un sondage Harris Interactive diffusé jeudi.

Ils sont 35% à prédire une victoire du président sortant Nicolas Sarkozy et 2% à ne pas se prononcer, dans cette enquête réalisée pour RTL, M6 et MSN Actualités.

Gérard Bon, avec service France, édité par Yves Clarisse

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