Nicolas Sarkozy, "porte-parole" de la France qui travaille

Nicolas Sarkozy, "porte-parole" de la France qui travaille - -
par Emmanuel Jarry
LILLE (Reuters) - Nicolas Sarkozy s'est présenté jeudi soir à Lille en "porte-parole" et défenseur de la France qui travaille, dans un effort pour recréer autour de ce thème la dynamique qui lui a réussi lors de la campagne présidentielle de 2007.
Le chef de l'Etat, qui brigue un second mandat mais reste à la traîne dans les enquêtes sur les intentions de vote, s'est en revanche employé à jeter le discrédit sur le candidat socialiste François Hollande, favori des sondages.
Il a commencé son discours devant près de 10.000 personnes par la lecture d'une lettre reçue avant Noël d'un ouvrier du Nord plaidant pour le maintien de son entreprise.
"C'est à un homme comme lui que je veux m'adresser ce soir", a-t-il déclaré. "Je veux être le porte-parole de cette France qui veut vivre de son travail."
Avec des élans rappelant son discours de septembre 2008 à Toulon sur les dérives du capitalisme financier, il a dénoncé "la suprématie accordée à la spéculation et à la rente sur le travail" et "l'oubli de l'homme dans l'économie".
Mais il s'est également adressé à l'électorat le plus conservateur, cible privilégiée de son début de campagne, pour déplorer la "dévalorisation du travail" et une "crise de l'assistanat" qui a "fini par payer davantage que le travail".
"Cette France, je veux tout faire pour lui rendre la maîtrise de son destin, je veux qu'on lui rende la considération qu'elle mérite, je veux la protéger", a martelé Nicolas Sarkozy.
SARKOZY DÉNONCE L'ABSTENTION SOCIALISTE
Il a notamment réitéré ses propositions sur l'encadrement des revenus des dirigeants d'entreprise, l'interdiction des "parachutes dorés" et "retraites-chapeau", et le financement d'une augmentation de salaire net pour les plus bas revenus par la suppression de la Prime pour l'emploi et l'alignement de la fiscalité des dividendes sur celle du travail.
Il a cependant légèrement rectifié ce qu'il fallait attendre de cette dernière mesure : une augmentation "de près de 1.000 euros par an" du salaire net au niveau du smic et non plus en moyenne pour les sept millions de bénéficiaires potentiels.
De même, a-t-il précisé que le maintien du revenu de solidarité active (RSA) pour les personnes sans emploi serait subordonné à une évaluation tous les 18 mois et non tous les ans, comme il l'avait dit mercredi soir sur France 2.
"Je ne resterai pas les bras croisés s'il y a une chance, même minime, de sauver un emploi", a promis le chef de l'Etat, qui a en revanche accusé les socialistes et leur champion d'être "obsédés par le développement de l'assistanat" et "l'entretien d'une clientèle" : "Eux ils parlent à des castes, moi je veux parler au peuple de France."
Il a accusé François Hollande d'avoir négocié des accords "misérables" avec les écologistes, de ne pas supporter la critique et de "manquer de courage". Et il a reproché de nouveau aux socialistes de s'être abstenus cette semaine lors du vote du Mécanisme de stabilisation européen (MES) censé prévenir dans la zone euro des crises comme celle de la dette souveraine grecque.
"L'abstention c'est une fuite, c'est un refus d'assumer ses responsabilités", a-t-il déclaré. "L'abstention ne fabrique pas une France forte, elle prépare une France faible et une France faible ne peut pas protéger les Français."
DATI EN VEDETTE AMÉRICAINE
Nicolas Sarkozy a conclu par son appel désormais habituel aux Français : "Aidez-moi à construire une France plus forte !"
Il a effectué ces derniers jours plusieurs visites dans des sites symboliques de "la France qui travaille" - le marché de gros de Rungis et une usine Alstom près de La Rochelle mardi, un centre de formation des apprentis à Tourcoing jeudi.
Mais ce n'était pas le seul rappel de 2007. Jeudi à Lille, son ancienne porte-parole de campagne Rachida Dadi a joué les vedettes américaines en prélude au discours du candidat.
Nicolas Sarkozy confiait encore récemment que celle qui fut un symbole d'ouverture du gouvernement à la "diversité" au début de son quinquennat l'avait déçu. L'ancienne garde des sceaux, aujourd'hui députée européenne et maire du VIIe arrondissement de Paris a cependant été une des premières reçues par le candidat à son QG, signe d'un retour en grâce.
"Nicolas Sarkozy rassemble tout le monde. La présence de Rachida Dati à Lille montre qu'il compte sur elle", expliquait le ministre du Travail Xavier Bertrand dans le TGV qui amenait le chef de l'Etat et sa suite dans le Nord.
Et Rachida Dati a "fait le job" : "La France n'a pas besoin d'un homme qui hésite, la France n'a pas besoin d'un homme qui craint la critique", a-t-elle déclaré à la tribune à propos de François Hollande, sous les acclamations de l'assistance. "La France a besoin d'un homme qui défend son pays."
Emmanuel Jarry, édité par Gérard Bon