Nuit Debout: "Le mouvement est en route", promet Raphaël Millon, place de la République
Le gouvernement va dévoiler ce lundi ses propositions pour réécrire la loi Travail. Cette fois-ci, ce sera Manuel Valls qui s'en chargera depuis Matignon. Ses propositions doivent tenir compte des consultations, qui ont eu lieu mercredi dernier entre les organisations de jeunesse et les ministres du Travail, de l'Education nationale et de la Jeunesse. Le président de l’Unef, William Martinet, sera reçu par le Premier ministre ce lundi avec les autres organisations étudiantes et lycéennes à 11h.
Et pendant ce temps, le mouvement de contestation des "Nuit Debout" s'installe. Une soixantaine de villes revendiquent ces rassemblements spontanés. Il s'y déroule des assemblées générales, des cantines éphémères, des concerts et des manifestations sauvages... mais désormais, aussi, des constructions "en dur". Signe que les occupants ont bien l'intention de s'installer dans la durée.
"Ce qui est important, c'est que ça se multiplie"
RMC a passé la nuit de dimanche à lundi place de la République. Et à 2h du matin, ils sont encore une centaine, assis en cercle, pour débattre. Il n'y a plus de micro, plus de haut-parleurs, mais Martin, dessinateur, a trouvé le moyen de se faire entendre. "Aujourd'hui l'art contemporain est possédé par les 1% les plus riches", entonne-t-il, la foule reprenant en cœur ses slogans, les uns après les autres.
De l'autre côté de la place, sous la statue de la République, Julia danse encore une bière à la main.
"Ce qu'il se passe à la République, c'est un peu étrange", reconnaît-elle au micro de RMC. "Je pense qu'on ne sait pas trop quand ça va finir. Mais ce qui est important, c'est que cela se multiplie, en fait. Et que ça se diffuse dans les autres villes".
"On est en train de barricader l'entrée"
Derrière l'apparente insouciance, les militants s'activent. Gregory, 32 ans, traîne une poubelle pleine de canettes de bière.
"Je pense que c'est le moment, là. Ça commence à se calmer un petit peu. Il y a plus de place pour pouvoir ranger. On nettoie la place, on récupère tout ce qui traîne d'un peu crado, histoire que ça soit un peu plus propre pour les autres jours", explique ce militant.
D'autres se préparent à une intervention des forces de l'ordre. Loïc, 20 ans, les traits tirés et barbe naissante, rapporte des palettes de bois.
"L'idée, c'est de garder cette structure qui a été fixée en dur et qu'on ne peut pas déplacer, de la tenir", raconte-t-il. "Et donc là, on est en train de barricader l'entrée, de la tenir de l'intérieur avec les gens qui sont là, si cette nuit, il doit arriver une expulsion avec la police".
Expulsion au calme au petit matin
Jules, 19 ans, se prépare à passer sa troisième nuit sur place.
"En gros, là, c'est une espèce de chapiteau, fait avec des bâches. Il n'y a pas trop de vent à l'intérieur. Sur le sol, il y a plein de tapis partout", montre-t-il à RMC. "Tous ceux qui sont ici ont réellement le but de faire avancer la politique, de la faire évoluer. [Le fait] de dormir ici, ça renforce plus le fait qu'on est uni. On passe carrément 48 heures ensemble, ensemble, ensemble".
Alors, hors de question pour ces militants de la première heure de faire place nette. Mais c'était sans compter l'évacuation par la police, qui a commencé vers 5h30 et qui s'est déroulée sans incident. Raphaël Millon, qui participe quotidiennement au mouvement depuis dix jours, place de la République à Paris, explique que c'est surtout en début de soirée que l'activité est la plus forte.
"Au moment de l'évacuation, il restait quelques dizaines ou une centaine de personnes", témoigne-t-il sur le plateau de Bourdin Direct. "Mais la plupart des gens avaient été présents dans la soirée. A 18h, il y a une grosse assemblée générale. C'est à ce moment-là que tous les travaux ont lieu, dans les commissions, (…) les groupes de travail. Le fort de l'activité, c'est le soir entre 17h et 22h".
"La volonté de citoyens de se réapproprier l'espace politique"
A ce stade, personne ne sait si cette évacuation signifie que le mouvement "Nuit Debout" ne sera plus autorisé à s'installer sur cette place emblématique dans les prochains jours. Mais pour Raphaël Million, c'est une évidence, les militants reviendront ce soir, et les suivants:
"L'idée, c'est d'habiter ces places pour échanger, discuter, et puis construire un autre projet de société", assure-t-il. "C'est surtout la volonté de citoyens de se réapproprier l'espace politique et de construire l'avenir".
Pour lui, ce n'est qu'un début.
"On a des groupes qui écrivent des cahiers de doléances. Il y a le projet d'écrire un projet de manifeste. On est en train de se rassembler et de reconstruire quelque-chose sur la durée. Le mouvement est en route".