Origine de la viande: trois ans après le Chevalgate, "c'est encore le flou total"

Trois ans après le scandale de la viande de cheval, les Français réclament davantage d’infos sur les étiquettes - AFP
Trois ans après le scandale des lasagnes à la viande de cheval, quels sont les progrès en matière d'information des consommateurs? Pour les besoins d'une enquête, rendue publique ce mardi, l'association Familles rurales a demandé à 700 familles si elles se sentaient mieux informées sur l'origine de la viande qu'elles consomment. Et les réponses sont quelque peu nuancées. Ainsi, si 70% des personnes interrogées estiment être bien informées sur les produits bruts (pavés de viande, steaks hachés...), le pourcentage tombe à 30% seulement sur les produits du rayon charcuterie. Mais c'est surtout pour les plats transformés (les plats cuisinés, les plats préparés) que les chiffres sont alarmants: 91% des consommateurs disent ne pas savoir ce qu'il y a dans les produits qu'ils achètent.
"Que les industriels travaillent un plus là-dessus"
Il faut dire aussi que, parfois, il n'y a aucune information sur les étiquettes. Preuve en est avec Fanny, consommatrice avertie, rencontrée dans un supermarché. Sur la barquette de pâtes à la bolognaise qu'elle tient entre les mains et qu'elle tourne dans tous les sens, force est de constater "qu'à première vue, il n'y a aucune information concernant la viande, déplore-t-elle. Ni où c'est fabriqué, ni d'où ça vient. C'est encore le flou total".
Dès lors, pour consommer plus sereinement, Fanny aimerait des étiquettes plus transparentes. "C'est important d'avoir un minimum d'informations pour la traçabilité notamment après les scandales des plats cuisinés composés de viandes qui étaient tout sauf du bœuf, estime-t-elle. Je pense qu'il faudrait vraiment que les industriels travaillent un peu plus là-dessus". Le problème, c'est qu'aujourd'hui aucune loi n'oblige les distributeurs à être plus transparents.
"Ce n'est pas acceptable"
En effet, si depuis le scandale de la viande de cheval la loi Hamon oblige un étiquetage de l'origine des viandes vendues à l'état brut, c'est au niveau européen que ça coince pour un étiquetage plus transparent des autres produits carnés comme l'explique Anne Legentil, chargée de l'alimentation au sein de l'association Familles rurales: "Pour tout ce qui est transformé, à savoir tout ce qui est charcuterie ou plats préparés, on n'a pas obtenu que l'étiquetage devienne obligatoire au niveau européen. Et, pour le moment, on est au point mort. Le Parlement a redemandé à la Commission de se mettre mais cela demeure coincé…"
"Ce n'est pas acceptable, s'emporte pour sa part Dominique Marmier, le président de l'association Familles Rurales. On est en 2016, le consommateur a le droit de savoir d'où viennent les produits qui composent son alimentation. C'est une décision politique européenne. L'Europe doit donc rapidement prendre la décision de rendre obligatoire l'étiquetage. Il faut absolument que le consommateur sache l'origine de la viande quand il consomme un produit". En attendant, pour aider les consommateurs, certaines filières ont créé un logo: un hexagone bleu, blanc, rouge qui indique que l'animal a été élevé et abattu en France.