Palestine, nouveau membre de la CPI: "Nous espérons qu'elle (la CPI) punisse Israël"

La famille Bakr dans son salon avec la mère et le portrait de Zacharia dans les mains - Céline Martelet
C'est une journée historique. Ce mercredi, la Palestine devient officiellement membre de la Cour Pénale Internationale (CPI) avec la ferme intention d'y faire juger les dirigeants israéliens pour "crimes de guerre", notamment ceux commis, l'été dernier, lors de l'opération "Bordure protectrice". Si Israël n'est pas membre de la CPI, cette juridiction peut tout de même poursuivre l'Etat Hébreu à la demande de la Palestine. Une plainte devrait donc être déposée dès aujourd'hui.
Elle concernera, entre autres, trois attaques meurtrières contre des écoles de Gaza transformés en centre des réfugiés par l'ONU. Des écoles visées selon l'armée israélienne parce qu'elle abritait des armes et des combattants. RMC est retournée et a retrouvé les victimes d'une de ces attaques. C'était le 24 juillet 2014 contre une école de Beit Hanoun et la famille Alshimbari s'en souvient encore précisément. En effet, Mohammed, l'un des fils, en conserve des séquelles: "J'ai des éclats d'obus dans le cou, dans le pied et le dos".
"Il faut qu'Israël soit puni"
Ce 24 juillet, Mohamed a vu mourir son frère et sa sœur. Avec d'autres réfugiés, ils devaient être évacués lorsqu'un obus israélien est tombé sur l'école de l'ONU. Plus de six mois après, Aïda la maman ne comprend toujours pas. "Je vous le jure, il n'y avait pas d'armes ni de combattants dans cette école. Il n'y avait que des habitants de Beit Hanoun qui voulaient se mettre à l'abri. J'y suis restée 12 jours et je n'ai rien vu", martèle-t-elle tout en regardant le portrait de son fils de 25 ans, tué dans cette école.
Si Israël a promis une enquête après cette attaque, aujourd'hui c'est de la Cour pénale internationale que Bilal, le père de famille, attend beaucoup: "Il faut qu'Israël soit puni par cette cour pour tous ses crimes en Palestine. C'est comme cela seulement que la paix pourra revenir". Mais la famille Alshimbari n'est pas un cas isolé. Dans sa maison située dans un quartier insalubre, Sharifa, elle aussi, ne lâche pas du regard la photo de son fils Zacharia, 10 ans, tué le 16 juillet avec d'autres enfants.
"Israël a toujours été au-dessus des lois"
Il jouait au foot sur la plage de Gaza quand deux missiles israéliens se sont abattus sur eux. Zacharia est mort sur le coup avec trois de ses cousins. "Qu'est-ce qu'il a fait mon fils pour mourir? Il n'avait pas d'armes, pas de missiles. Il jouait juste au foot comme Messi ou Ronaldo", s'indigne Sharifa sur RMC.
Dans un coin du salon, tête baissée, le père d'Ismaël, 11 ans lui aussi tué au cours de l'attaque de la plage de Gaza, dit attendre beaucoup de la Cour pénale internationale: "Israël a toujours été au-dessus des lois. Nous espérons donc que cette Cour pénale va punir ce pays, l'obliger à suivre les règles, à changer. Nous attendons tous beaucoup de cette plainte devant les pays du monde entier. Alors nous verrons si Israël respecte les lois et les décisions de justice internationales".
A noter que, depuis plusieurs mois, l'ONU enquête également à Gaza sur de possibles crimes de guerre commis par l'armée israélienne.