Pass vaccinal: "Il y avait d’autres sujets à mettre sur la table" selon le Pr Eric Caumes

Le pass vaccinal au lieu du pass sanitaire. Dans quelques jours, peut-être d’ici la fin de la semaine, ce sera bien une réalité après plusieurs semaines de débat, dans la société, à l’Assemblée nationale et au Sénat. Mais pour le Professeur Eric Caumes, infectiologue et chef de service à l'Hôtel-Dieu, cette modification n’est pas efficace. "Je trouvais inutile de transformer le pass sanitaire en pass vaccinal. Ça n’apportait rien, sauf des ennuis. Et ça brouille le message", explique-t-il ce mardi dans "Apolline Matin", sur RMC et RMC Story.
Pour lui, cette question du pass vaccinal a masqué d’autres thèmes qui pourraient compter dans le contexte de la campagne présidentielle. "On a accepté que le virus circule, souligne le Pr Eric Caumes. Donc si on accepte que le virus circule, pourquoi ne pas aller au bout de la logique, peut-être comme les Espagnols sont en train d’en discuter. Ils ont raison, ils sont très bons les Espagnols. Nous, à cause de la campagne électorale, on ne peut pas avoir de débat responsable. Ça pollue le débat. C’est un peu dans les deux sens. On parle du pass vaccinal depuis six semaines, alors qu’on est à trois mois de l’élection présidentielle. Je pense qu’il y avait d’autres sujets à mettre sur la table que le pass vaccinal."
"On ne peut pas bâtir une politique de santé publique sur le fait d’emmerder une partie infime de la population"
Le Pr Eric Caumes estime même qu’"on en serait resté au pass sanitaire" s’il n’y avait pas l’échéance de l’élection présidentielle. "On n’aurait pas imposé un pass vaccinal, est-il persuadé. Quelle est la différence ? Finalement, vous retirez les personnes qui se faisaient tester. C’est une punition. Ça a été fait dans une optique d’ennuyer les personnes qui ne se font pas vacciner. On ne peut pas bâtir une politique de santé publique sur le fait d’emmerder une partie infime de la population. J’étais partisan d’aller vers (les non-vaccinés, ndlr)." Fin décembre, cinq millions de Français n’étaient pas encore vaccinés contre le Covid.