Pensions en retard dans le Nord: "Nous sommes en sous-effectif"

- - AFP
Près de 1 000 retraités du Nord-Pas-de-Calais attendent toujours de percevoir leurs pensions. Face à l’ampleur du phénomène, Marisol Touraine, ministre de la Santé, avait annoncé, en mai dernier, le renforcement des effectifs et surtout la mise en place d’un droit opposable à la retraite, mais aujourd’hui la situation n’est pas tout à fait rentrée dans l’ordre.
Certes, le nombre de dossiers en attente est passé de 9 000 en début d’année à 1 000 aujourd’hui, mais certains retraités se retrouvent aujourd’hui dans de graves difficultés.
C'est le cas de Didier, 60 ans. Sa famille a dû le faire hospitaliser mardi dernier pour malnutrition. Il attend le versement de sa retraite depuis le 1er juin. Depuis plusieurs semaines, Didier vivait cloitré dans son appartement. Il ne répondait plus aux appels de sa famille. C’est en se rendant chez lui que sa sœur, Muriel, a découvert la situation: "Quand je suis rentrée, j'étais effondrée, c'était la misère. Il ne mangeait plus, il était amaigri, il n'arrivait plus à marcher. Il se laissait couler…"
"On l'a promené de bureau en bureau"
Une dépression directement liée à son départ en retraite. Après 42 ans en tant que soudeur, il doit avoir 1200 euros de pension, il n’a pas touché un centime: "Il avait fait des démarches, on l'a promené de bureau en bureau. Je les accuse de l'avoir laissé mourir car il n'a eu aucune aide".
Un nouveau pic de demandes est annoncé dans les prochains mois. Ce qui inquiète, Laurie, agent d’accueil à la CARSAT, la caisse de retraite et santé au travail: "Des dispositifs ont été mis en place mais il faut voir si derrière tout va suivre, si les gens vont pouvoir être payés en temps voulu. On a cette crainte, mais nous sommes en sous-effectif.
Les syndicats espèrent des recrutements, il manquerait une centaine de personnes. Mais selon Michelle Dessine, sénatrice Front de gauche, des postes devraient encore être supprimés: "on découvre qu'il y a encore une diminution de 32 effectifs prévue alors qu'il n'y a pas assez de monde pour traiter les dossiers".