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Pentecôte: "Tous les crédits ne vont pas à l'aide aux personnes âgées handicapées"

Pascal Champvert, président de l'AD-PA (gauche) et Joseph Thouvenel, vice-président de la CFTC, étaient les invités de Jean-Jacques Bourdin ce lundi.

Pascal Champvert, président de l'AD-PA (gauche) et Joseph Thouvenel, vice-président de la CFTC, étaient les invités de Jean-Jacques Bourdin ce lundi. - RMC

Instaurée en 2004 après la canicule de 2003, la journée de solidarité a été créée pour favoriser l’autonomie des personnes âgées ou handicapées. Joseph Thouvenel, vice-président de la CFTC et Pascal Champvert, président de l’Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA), étaient invités pour débattre de cette journée de solidarité, ce lundi sur RMC.

Depuis 2008, le lundi de Pentecôte est redevenu férié mais les entreprises ont la possibilité de choisir leur "journée de solidarité". Beaucoup d’entreprises optent toujours pour ce lundi de Pentecôte. Selon une étude du cabinet Randstad, 7 salariés sur 10 restent à la maison ce lundi. 

Instaurée en 2004 suite aux nombreux décès survenus lors de la canicule de l’été 2003, la journée de solidarité a été créée pour favoriser l’autonomie des personnes âgées ou handicapées.

"Tout travail mérite salaire"

Elle donne lieu à une journée de travail supplémentaire non rémunérée pour les salariés. En contrepartie de la valeur ajoutée créée, les employeurs doivent reverser une "contribution solidarité autonomie", qui correspond à 0,30% de la masse salariale.

"C'est un énarque fou qui a inventé le système, plus personne n'y comprend rien, s'est emporté Joseph Thouvenel, vice-président de la CFTC ce lundi sur RMC. Une journée de solidarité, ça veut dire que si je travaille une journée, je donne quelque-chose aux personnes âgées. Eh bien non, en fait il y a une taxe sur les salaires de 0.3%, qui est prélevée tous les mois. Chacun peut le voir sur sa fiche de paie".

"Je ne demande pas que l'on supprime la taxe, je demande juste que l'on arrête d'obliger les salariés à travailler une journée sans être rémunérés, a-t-il ajouté. Tout travail mérite salaire".

"4,5 milliards n'ont pas été à l'aide aux personnes âgées"

Au-delà de la complexité du système, Pascal Champvert, président de l’Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA) a soulevé un autre lièvre. Et non des moindre. "Le vrai problème, c'est que tous les crédits ne vont pas à l'aide aux personnes âgées handicapées", a dénoncé Pascal Champvert sur RMC. Cette journée "rapporte à peu près 2,3 milliards d'euros par an. Et depuis la création de ce mécanisme, il y a à peu près 4,5 milliards - soit deux jours fériés – qui n'ont pas été à l'aide aux personnes âgées, qui sont allés ailleurs".

"C'est de l'argent qui a servi à l'Assurance maladie ou à l'Etat, à diminuer leur déficit, a-t-il poursuivi Et on pourrait même ajouter beaucoup d'autres sommes, mais qui sont difficiles à chiffrer: ce sont toutes les économies que l'Etat, les régions ou les départements ont faites, depuis que la caisse nationale de solidarité pour l'autonomie existe. C’est-à-dire qu'au fond, chaque année, l'Etat reprend une partie de cette caisse et l'Etat fait faire des économies à un certain nombre d'acteurs au détriment des personnes âgées, depuis que cette caisse existe".

En France, 1.2 million de personnes âgées sont en situation de dépendance.

C. P.