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Pénurie de sperme: faut-il payer les donneurs?

La France est en pénurie de sperme. L'une des raisons? La hausse de la demande après l'ouverture de la PMA à toutes notamment. Alors faut-il payer le don de sperme comme c'est le cas dans certains pays? Ca fait débat dans "Estelle Midi".

Va-t-on bientôt manquer de sperme? En tout cas, la pénurie couve depuis des années. Si un homme sur deux en âge de donner son sperme est prêt à le faire selon une étude dévoilée de l'agence de biomédecine, il faut sauter le pas indique. Car les banques de sperme sont en pénurie assure l'agence qui lance ce jeudi une nouvelle campagne d’incitation aux dons.

Cette pénurie a été aggravée par la loi bioéthique et le succès de la PMA pour toutes les femmes : les autorités avaient planché sur un scénario de 1000 demandes supplémentaires, mais ce sont en fait 3.500 demandes de PMA qui ont été déposées au mois de septembre, explique le ministère de la Santé. Conséquence, certaines femmes engagées dans une PMA, ne recevront jamais leur don dans les temps.

Alors faut-il motiver le don en payant? Car en France si le principe de l'anonymat et de la gratuité prévaut pour les donneurs, à l'étranger, d'autres sont passés au don d'ovocytes et de sperme. Le don de gamètes est rémunéré au Danemark, en Espagne et au Royaume-Uni notamment. En Espagne, on peut même donner ses ovocytes pour 1000 euros et son sperme pour 60 euros. Et de l'autre côté de l'Atlantique aux Etats-Unis, le don de sperme est rémunéré 1300 euros, tandis que le don d'ovocytes peut monter jusqu'à 9000 euros dans certains cas.

"Lorsqu'on fixe une rémunération, on constate une baisse à plus ou moins long terme des dons"

"Dans certains pays pauvres, il y a des prélèvements qui permettent à certaines populations d'arrondir leurs fins de mois", note Périco Légasse, qui y voit pourtant un problème moral: "C'est le don de la vie à quelqu'un qui ne peut pas procréer mais je serai choqué d'apprendre que quelqu'un est né après qu'on don de sperme a été commercialisé. On tombe dans la financiarisation du corps humain et de la génétique, c'est très dangereux. Maintenant s'il n'y a plus d'autres moyens, et bien on paiera".

Et à titre de comparaison les pays qui pratiquent la rémunération attireraient peu par rapport à ceux qui maintiennent la gratuité, explique l'économiste Pierre Rondeau: "Quand on compare, on voit que lorsqu'on fixe une rémunération, on constate une baisse à plus ou moins long terme. Les donneurs sont des gens précaires ou au chômage et dès qu'ils retrouvent un travail, ils arrêtent de donner".

"Cela donne aussi une valeur à son sperme, et cela intègre que c'est un bien à protéger et qu'on ne va pas vouloir donner à n'importe qui. Cela va restreindre dans sa motivation à donner quelque chose. En France du coup, la gratuité va conserver l'altruisme du geste", explique-t-il.

En France, les hommes désireux de donner leur sperme doivent être âgés de 18 à 45 ans. Et selon les derniers chiffres disponibles, il n'y avait que 317 donneurs en 2019.

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Guillaume Dussourt