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"J'étais un animal à essayer de survivre": Mathieu Blanchard raconte son exploit à la Yukon Arctic Ultra

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Le Français a fait sensation en remportant l'ultra-trail Yukon Arctic Ultra, cette course folle de 600km dans le nord-ouest du Canada. Il partage ce samedi sur RMC son exploit et témoigne de deux grandes difficultés, à savoir le manque de sommeil et les températures extrêmes.

Mathieu Blanchard a signé un exploit, en remportant en l'espace d'un peu moins de 8 jours la Yukon Arctic Ultra, cet ultra-trail de plus de 600km dans le nord-ouest du Canada. L'athlète de 37 ans, qui tirait une luge de 30k, raconte son aventure hors norme ce samedi sur RMC.

"Je suis encore pas mal détruit, je suis tellement fatigué", confie d'emblée l'ancien participant de Koh-Lanta, au micro d'Anaïs Matin. Il faut le savoir, Mathieu Blanchard était il y a encore quelques années un ingénieur, avant de décider de se reconvertir en ultra-traileur. Mais pourquoi, au final, participer à une course aussi extrême?

"Après avoir changé de vie et être devenu athlète, j'ai eu beaucoup de sollicitations médiatiques, des demandes de communication... Je me suis senti étouffé. J'avais besoin de refaire une aventure assez forte dans un milieu sauvage, coupé du monde", explique-t-il.

J'étais un animal pendant une semaine à essayer de survivre dans les bois"

Le plus dur? Pas le tirage de luge, ni la performance sportive en tant que telle. "C'est le manque de sommeil", assure l'athlète. "C'est 2h par tranche de 24h. Au bout d'un moment, le cerveau commence à délirer et provoquer des hallucinations. C'est d'ailleurs ce qu'il avait trouvé, également, le plus dur lors de sa participation à Koh-Lanta.

Evidemment, autre élément qui rend le trail ardu, c'est le froid. "C'est un autre monde. -40 et -50, c'est extrême. On a pas le droit d'enlever nos gants, la moindre erreur peut être fatale", fait savoir Mathieu Blanchard. "La seule manière de survivre, c'est de bouger, d'être en mouvement assez vite."

Ce sont ces températures, et évidemment le principe même d'une course, c'est-à-dire d'aller le plus vite, qui poussent les participants à dormir le moins possible. "Il faut prendre en compte ces paramètres pour les optimiser et aller le plus vite possible. Le sommeil est un temps mort, l'idée est donc de le réduire."

L'invité du jour : Mathieu Blanchard - 15/02
L'invité du jour : Mathieu Blanchard - 15/02
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Peur de mourir ? "Non"

Est-ce que le natif de Cavaillon a eu peur de mourir? "Non, car il y a quand même de la sécurité, on a deux systèmes de communication par satellite avec un bouton SOS, qui permettent de de déclencher les secours", explique-t-il. Ils peuvent ainsi venir chercher les participants en hélicoptère ou motoneige, mais attention, la durée d'attente peut être de plusieurs heures.

Justement, Mathieu Blanchard s'est tout de même fait une petite frayeur pendant aventure, lorsqu'il n'arrivait tout simplement plus à respirer. "J'avais perdu mes poumons pendant quelques heures, j'avais pas mal poussé sous -45. L'air étant très froid et sec, les alvéoles pulmonaires n'aiment pas ça et elles se sont arrêtées. J'étais comme un poisson hors de l'eau. J'ai failli abandonner ce jour-là, j'étais à la moitié de la course", relate-t-il.

La Transat Jacques-Vabre dans le viseur

Son prochain défi? Participer à la Transat Jacques-Vabre. "Ca me fascine", dit-il, qui évoque les mêmes défis que l'ultra-trail, à savoir la solitude, la privation de sommeil, être un aventurier... Petit hic: "Je n'ai jamais fait de voilier", s'amuse Mathieu Blanchard. Pas de quoi le décourager, toutefois.

Mais avant tout, le Français compte bien se reposer. "C'est un métier de rêve que je vis, Ce qui m'inspire, ce sont les longues carrières, pas les étoiles filante. Je vais prendre le temps de bien récupérer avant de penser au prochain défi."

Léo Manson