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"Les financiers ont pris le pouvoir": Luc Besson tacle le cinéma français géré par des "tableaux Excel"

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Invité des Grandes Gueules, le cinéaste Luc Besson a déploré l'état du cinéma français où les financiers et "ceux qui ont l'argent" ont pris le pouvoir. Au détriment de la qualité, de l'audace, et alors même que ce plan ne marche pas selon le réalisateur qui revient sur le grand écran avec Dracula.

Le cinéaste français Luc Besson revient au cinéma avec Dracula, une version dépoussiérée du roman de Bram Stoker en salle mercredi 30 juillet, avec l'acteur américain Caleb Landry Jones et l'allemand Christoph Waltz.

Un film tourné en anglais avec des têtes d'affiche internationales et quelques Français comme Guillaume de Tonquédec. Pour plusieurs raisons: "Il y a une foison d'acteurs et d'actrices anglo-saxons, c'est plus limité sur la France", assure Luc Besson ce vendredi sur le plateau des Grandes Gueules. "Les actrices françaises travaillent beaucoup, sont très studieuses, les acteurs français moins", explique le réalisateur.

"Aujourd'hui, les gens qui ont l'argent décident"

Et il pointe un autre problème avec le cinéma français: "En France, on a énormément de talent, une culture incroyable, des écoles formidables mais depuis 10-15 ans, il y a un glissement", alerte-t-il sur RMC et RMC Story. "On est dans Le bourgeois gentilhomme: 'j'ai de l'argent, je décide'. Et depuis 15 ans on enlève au créateur son pouvoir de réussir ou de se tromper"

"Avant on suivait les créateurs, aujourd'hui, les gens qui ont l'argent décident que le rouge c'est mieux que le bleu. Les financiers ont pris le pouvoir. Ce sont eux qui décident avec des tableaux Excel qu'il faut faire comme ça", tacle Luc Besson.
Luc Besson face aux GG - 25/07
Luc Besson face aux GG - 25/07
18:49

L'appel de Luc Besson aux financiers du cinéma

Sans résultat pourtant, assure le réalisateur. "Ça ne rend ni les films meilleurs, ni les spectateurs plus heureux. Il faut revenir 20 ans en arrière quand on suivait les metteurs en scène, les auteurs comme Stanley Kubrick même quand on ne comprenait pas".

Une stratégie dommageable pour l'industrie du cinéma français: "Il y a des auteurs vraiment bons, jeunes: donnez-leur des sous, laissez-les faire même s'ils se plantent! C'est semer pour récolter plus tard", appelle Luc Besson qui lui-même réalisa son premier long-métrage, Le dernier combat, avec Jean Reno en 1983, à seulement 23 ans et qui obtint de nombreuses récompenses.

Guillaume Dussourt Journaliste BFMTV-RMC