Reverra-t-on un jour James Bond? Amazon et la productrice de la saga en guerre

La Franchise est en crise et James Bond est à la retraite forcée. En 2021, le géant Amazon s’est offert les studios de la Metro-Goldwyn-Mayer (MGM) pour plus de 8 milliards de dollars. Et dans le lot: le catalogue 007, les 25 épisodes et les droits pour la suite.
Mais “où est passé James Bond?”, s’interrogeait le Wall Street Journal en fin d’année dernière. L’agent secret est au repos forcé. En cause: un litige entre les héritiers du producteur historique et la firme de Jeff Bezos. Résultat, le dernier James Bond, c’était il y a trois ans. La fin d’une histoire de cinq épisodes. Et depuis rien: pas un début de projet.
Qu’est-ce qui coince?
C’est un débat d’esthètes et un conflit de légitimité. D’un côté, Barbara Broccoli et son demi-frère, les héritiers du producteur historique de la saga. Ce sont les gardiens du temple. Pas seulement au sens moral, mais aussi par contrat: ils ont gardé 50% de James Bond et les droits artistiques sur l’exploitation ciné du héros britannique. Ça veut dire que Barbara Broccoli a un droit de regard sur le casting, sur le scenario… jusqu’aux produits dérivés.
De l’autre côté, Amazon donc. Le géant aux mille idées de films et de séries. Mais qui parle en algorithmes, en production de contenus et qui imagine détenir le prochain Star Wars ou Marvel. Ce qui agace profondément la productrice.
Amazon pousse pour faire fructifier son investissement. Barbara Broccoli, elle, freine des quatre fers. “De foutus connards”, aurait-elle dit au sujet de ses interlocuteurs chez Amazon. “Pas de scenario, Pas d’histoire, Pas de nouveau James Bond”, a-t-elle affirmé à l’automne dernier.
Elle n’aime pas Amazon et elle ne s’en cache pas. Elle déplore de voir son bébé aux mains d’un bazar en ligne: James Bond passe d’agent secret au service de Sa Majesté à un produit parmi “du papier toilette ou des aspirateurs” pour la citer encore.
Quel acteur pour incarner 007?
Un autre exemple de ces désaccords: le choix de l’acteur principal. Barbara Broccoli défend la prise de risque et l’instinct. C’est elle qui a choisi Daniel Craig, le dernier James Bond. Elle estime que 007 doit être britannique. Il doit avoir une trentaine d’années. C’est comme se chercher “un nouveau mari”, dit-elle. “Les gens jouent la carte de la sécurité. Je pense qu’il faut être courageux”.
Mais Amazon cherche une star. Une personnalité installée et reconnue qui attirerait les spectateurs. En bref, ils ne sont d’accord sur rien. Quoiqu’il en soit, il doit s’agir d’un acteur prêt à s’engager pour une décennie au moins dans le tournage d’épisodes de James Bond.
Les derniers noms qui circulent sont Aaron Taylor-Johnson, un anglais passé par les studios Marvel, l’Écossais Stuart Martin ou encore un autre anglais, noir, Lucien Laviscount, passé par Emily in Paris. Mais en réalité, un nouveau nom émerge tous les trimestres et le projet n’est pas plus avancé.
Amazon s’impatiente. La firme aurait même embauché une sorte de médiateur pour rétablir la communication. À suivre donc. Dans les cartons, une série dérivée sur le personnage féminin Miss Moneypenny, personnage féminin de la saga. En attendant, la seule production 007 d’Amazon depuis qu’elle a racheté les studios MGM, c’est une téléréalité: “Road to Million”. Pour gagner un million de livres, des anonymes grimpent, roulent vite et font exploser des choses façon James Bond…