Une œuvre polémique vandalisée au Palais de Tokyo: pourquoi le tableau va rester jusqu'au 14 mai

"S'en prendre à une œuvre, c'est une atteinte à nos valeurs" réagissait ce lundi Emmanuel Macron après la vandalisation d'un tableau du Palais de Tokyo, dimanche. Un homme a aspergé de peinture le tableau de l'artiste suisse Miriam Cahn, qui représente une personne, potentiellement mineure, aux mains liées, contrainte à une fellation. Le musée a porté plainte et l'homme a été placé en garde à vue pour "dégradation de bien culturel exposé".
Selon l'artiste, l'œuvre représente un viol comme arme de guerre et crime contre l'humanité. Le Palais de Tokyo a décidé de laisser l'œuvre jusqu'à la fin de l'exposition le 14 mai.
En plus des panneaux d'avertissements aux mineurs, le musée a ajouté un panneau expliquant pourquoi l'œuvre est tachée. Mais cet acte, Chloé, étudiante en art, peut le comprendre.
“En passant devant l'œuvre, j’ai l’impression qu'effectivement, on dirait un enfant, donc j’ai tendance à penser que ce n'est pas parce qu’on fait de l’art que c’est un laissez-passer pour tout faire et tout montrer”, affirme-t-elle.
L'artiste se défend d'avoir représenté un enfant
Serge, au contraire, ne comprend pas ce geste. “En regardant l'œuvre qui a été dégradée, j’ai tendance à me demander pourquoi. Par rapport à ce qu’on peut voir aujourd’hui, les images de guerre, les images de violences montrées à la télévision... L'œuvre aurait choqué parce que la personne pensait que c’était un enfant. Ce qui n’est pas du tout le cas”, explique-t-il.
C'est ce qu'a rappelé l'artiste, au vu de la polémique. Mais les associations de défense des droits de l'enfant souhaitent toujours le retrait de l'œuvre, même si elles ne soutiennent pas l'acte de vandalisme.
“La chose que le musée aurait dû faire, c’était d’interdire le tableau, faute d’accepter de le décrocher. Je pense qu’il y a des choses qui ne se font pas tout simplement”, indique Homayra Sellier, présidente d'Innocence en danger.
Selon le journal Le Monde, l'homme qui a jeté la peinture serait un ancien élu du Rassemblement national. Il risque sept ans de prison et 100.000 euros d'amende.