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Vétusté du Louvre: l'idée d'une tarification différenciée pour les touristes étrangers fait débat

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Le plus grand musée du monde fait face à des problèmes de vétusté, a alerté sa directrice. Emmanuel Macron se rendra sur place mardi. En attendant, Rachida Dati aimerait instaurer une tarification différenciée pour les touristes étrangers hors UE, afin de renflouer les caisses. RMC a recueilli l'avis des intéressés, sur place.

Dans une récente note adressée à la ministre de la Culture, Rachida Dati, Laurence des Cars, présidente-directrice du musée du Louvre déplore "la multiplication d'avaries dans des espaces parfois très dégradés", "l'obsolescence des équipements techniques", ainsi que "d'inquiétantes variations de températures mettant en danger l'état de conservation des oeuvres".

Le budget nécessaire pour remédier à ces problèmes s'élèverait à "plusieurs centaines de millions d'euros alors que l'équilibre budgétaire est plus que précaire et en attente d'engagements ministériels", selon une source proche du dossier. En réponse, la ministre de la Culture Rachida Dati dit souhaiter "une politique tarifaire différenciée à partir du 1er janvier 2026". Ce tarif plus élevé pour les touristes étrangers hors UE existe déjà aux Etats-Unis, au Cambodge ou au Maroc, et même en Italie, relève son ministère.

"Si vous allez une fois dans votre vie à Paris, c'est dérisoire", estime Françoise Benjamou

Dans un rapport publié en 2011 consacré à la valorisation du patrimoine français, la piste d’une tarification différenciée était déjà évoquée par les economistes de la culture, comme Françoise Benhamou. "Le consentement à payer du visiteur est en fonction de la distance entre le musée qu'il va visiter et son lieu d'habitation. Si vous allez une fois dans votre vie à Paris, c'est assez dérisoire entre le billet d'avion et ce que vous allez dépenser", estime-t-elle auprès de RMC.

Quid des "binationaux, des étrangers en France?"

"On comprend que cette piste soit sur la table mais elle demande de la réflexion quant aux modalités pratiques", soulignent plusieurs grandes institutions muséales sous couvert d'anonymat, auprès de l'AFP, tandis que le Louvre garde le silence.

Elles pointent "la complexité" d'une telle mise en oeuvre qui apparaît "précipitée", selon l'une d'entre elles, "au vu des modifications importantes qu'elle suppose pour les systèmes de réservation et la mise en place de contrôles d'identité physiques systématiques". "Qu'en sera-t-il pour des binationaux, les étrangers en France, des couples mixtes et des groupes au sein des tours opérateurs ?", s'interroge-t-elle.

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Les touristes pourraient exiger des contreparties

Une théorie confirmée dans la pratique par certains touristes. "Même si c'était 30 euros, je paierais sûrement, parce que c'est le Louvre, c'est à faire une fois dans sa vie. C'est comme une case à cocher", explique Charles, voyageur anglais en visite à Paris.

Mais certains sont toutefois plus circonspects, comme Paolo, touriste américaine: "Si cela augmentait, les tarifs deviendraient trop chers, sauf si avec ça, on a des services en plus comme un guide ou un café", dit-elle.

À terme, la mesure pourrait faire gagner au musée 10 millions d’euros par an, très loin toutefois des centaines de millions d'euros nécessaires, selon la direction, à l’équilibre budgétaire du Louvre.

Emmanuel Macron sur place mardi

En réponse à l'alerte émise par la directrice de l'établissement, Emmanuel Macron a annoncé qu'il se rendra mardi au Louvre pour s'exprimer sur la dégradation du plus grand musée du monde. "Le Louvre est un symbole de la France, c'est une fierté française. Ce serait une faute de rester sourd et aveugle face aux risques qui pèsent aujourd'hui sur le musée", a indiqué à l'AFP l'entourage du chef de l'État.

Tiphaine Dubuard avec Léo Manson