RMC

Pierre, 27 ans, joueur de poker pro: "Je peux perdre en une semaine le salaire annuel de ma femme"

-

- - AFP

Après ses études, Pierre Morin a choisi de devenir joueur de poker. Un métier qui lui permet de vivre "plus que confortablement", mais difficile à gérer psychologiquement. Il a raconté son quotidien à RMC.fr.

"J'ai 27 ans, ça fait 4 ans que je joue en tant que professionnel. Avant, j'ai fait un master Sup de co. J'ai réussi plus ou moins à payer mes études et ma vie étudiante grâce au jeu. Juste après mes études, j'ai pris une année sabbatique pour voir ce que le poker pouvait donner à plein temps.

Je suis parti vivre à Paris pour me lancer et ça a très bien fonctionné donc j'ai continué à jouer à plein temps. Ma mère a eu du mal à accepter que je fasse ça. Ma grand-mère je ne vous en parle pas. Et puis ils ont compris que c'était un métier. J'ai d'abord appris tout seul et je me suis entouré de beaucoup de très bons joueurs qui m'ont permis d'apprendre des choses que je ne connaissais pas.

"Pas simple pour la vie de couple"

Je suis joueur de cash game (le joueur encaisse directement l'argent et quitte la table quand il veut) principalement. Je joue beaucoup sur Internet, surtout sur le site PMU, et je joue aussi au cercle Clichy-Montmartre. Je ne veux pas trop dire combien je gagne par mois, mais c'est plus que confortable.

Le côté le plus difficile à gérer pour moi, c'est le rythme de vie, c'est très dur. Un jour je peux me lever à 7h du matin et jouer sur Internet jusqu'à 13h, ensuite de 14h à 20h, je joue à Clichy. Et puis il y a d'autres jours où il n'y a pas suffisamment d'actions et de joueurs et dans ce cas-là je vais me lever à 14h et aller à Clichy jusqu'à 4h du matin. Ce n'est pas forcément simple pour la vie de couple.

J'ai beaucoup joué ça commence un peu à me fatiguer mais c'est ma passion. Même si c'est redondant et que ça engendre beaucoup de fatigue psychologique, j'aime ce métier.

"Quand la chance n'est pas là, vous le ressentez"

Il peut y avoir des 'swings', je peux perdre 5.000, 6.000 euros et d'autres jours où je peux en gagner 4.000. En une semaine je peux perdre le salaire annuel de ma femme, mais à l'inverse je peux aussi le gagner en une semaine. C'est compliqué à gérer.

Aujourd'hui j'ai une certaine stabilité donc je vis beaucoup moins de swings, mais parfois quand la chance n'est pas là, vous le ressentez.

Avant ça m'effrayait énormément, aujourd'hui je l'accepte j'ai compris qu'à la fin de l'année je serai gagnant. Si à la fin d'une année, ce n'est pas positif je me dirais qu'il est peut-être temps d'arrêter mais ce n'est pas le cas aujourd'hui.

Aujourd'hui je ne pourrais pas être salarié dans une boite standard à cause de la hiérarchie, parce que je ne serais pas libre, que je n'aurais pas de challenge à être salarié. Il me manquerait tout ce que j'aime aujourd'hui".

Propos recueillis par Paulina Benavente