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Pierre Moscovici se veut l'atout ministre du Pays de Montbéliard

Pierre Moscovici mise sur son nouveau statut de ministre de l'Economie pour être réélu dans la 4e circonscription du Doubs, sur une terre ouvrière que le chômage et les restructurations industrielles poussent vers le Front national. /Photo prise le 17 mai

Pierre Moscovici mise sur son nouveau statut de ministre de l'Economie pour être réélu dans la 4e circonscription du Doubs, sur une terre ouvrière que le chômage et les restructurations industrielles poussent vers le Front national. /Photo prise le 17 mai - -

par Gilbert Reilhac ETUPES, Doubs (Reuters) - Pierre Moscovici mise sur son nouveau statut de ministre de l'Economie pour être réélu dans la 4e...

par Gilbert Reilhac

ETUPES, Doubs (Reuters) - Pierre Moscovici mise sur son nouveau statut de ministre de l'Economie pour être réélu dans la 4e circonscription du Doubs, sur une terre ouvrière que le chômage et les restructurations industrielles poussent vers le Front national.

Vingt ans après un "parachutage" que ses adversaires politiques continuent de lui reprocher, l'énarque parisien, président de la Communauté d'agglomération depuis 2008, est devenu, à 56 ans, l'homme fort du Pays de Montbéliard.

Sa nomination au gouvernement, qui l'éloigne de ses électeurs, peut-elle représenter un handicap? Pierre Moscovici balaie la question.

"Les gens le voient comme une fierté pour un pays qui est en difficulté économique et sociale. Ils auront un élu qui sera entendu au plus haut niveau de l'Etat", assure-t-il.

"J'entends faire de cette fonction un atout majeur pour le développement de l'ensemble de notre territoire", précise son document de campagne.

Ce message, le ministre, qui a renoncé à la barbe de trois jours qu'il affectionnait ces dernières années depuis qu'il est en poste à Bercy, était venu l'adresser la semaine dernière aux salariés de Trevest à Etupes, en compagnie d'Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif.

Cette filiale du groupe Trèves doit supprimer 85 emplois sur 260 en juillet après la perte d'un marché de sièges pour PSA, que l'on appelle toujours Peugeot ici. Elle employait 980 personnes en 2000, rappelle un responsable syndical.

LE BERCEAU DE PSA

Les difficultés du constructeur automobile, premier employeur d'une circonscription qui inclut Sochaux, berceau de la marque, sème le doute parmi une population soumise à un taux de chômage de 11,2% au niveau du bassin d'emploi.

"Nous allons travailler ensemble (avec Arnaud Montebourg) main dans la main", assure Pierre Moscovici à la soixantaine de salariés rassemblés à la portière de l'usine.

"Je ne suis pas qu'un candidat", rappelle-t-il en déplorant la "mauvaise manière" de la direction, qui, disant avoir été prévenue trop tard, a refusé aux deux ministres l'accès au site.

Une heure plus tard, Pierre Moscovici et Arnaud Montebourg se mettent à l'écoute des dirigeants de Cristel, une PME de Fesches-le-Châtel qui produit des ustensiles de cuisine en inox et promeut un "made in France" très en phase avec les projets gouvernementaux.

Charles Demouge, maire de la commune et candidat UMP aux législatives, dénonce cette ambivalence qui éloigne, selon lui, son adversaire du terrain.

"Pierre Moscovici fait de la politique nationale et mondiale", affirme cet agrégé de mathématiques en retraite qui, né dans la circonscription au sein d'une famille ouvrière, se dit "le seul enfant du pays" parmi les douze candidats en lice.

Il reproche au député sortant de n'avoir "pas travaillé pour la circonscription" et au président de la communauté d'agglomération de négliger les problèmes de vie quotidienne comme la sécurité.

"ULTRA-EUROPÉISTE" POUR LE FN

Sophie Montel, présidente du groupe Front national au conseil régional et candidate dans la circonscription, est sur le même registre. "M. Moscovici fait campagne jeudi, vendredi et samedi. Le reste de la semaine, il est à Paris", dit cette habitante de Besançon, qui serait elle-même peu présente dans le Pays de Montbéliard selon ses adversaires.

Le ministre socialiste, jugé "ultra-européiste" par Marine Le Pen, fait partie des candidats que la présidente du Front national devrait appeler à faire battre au second tour.

Tout indique pourtant que celui qui a été élu député en 2007, en pleine vague sarkozyste, ne prend pas un risque démesuré en briguant un nouveau mandat. En cas de défaite, il devrait quitter le gouvernement, selon une règle édictée par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault.

François Hollande a obtenu 51,27% des voix le 6 mai dernier dans la circonscription alors que Charles Demouge, qui se présente pour la première fois à la députation, est handicapé par la candidature d'un radical valoisien.

Sophie Montel pourrait quant à elle sortir en deuxième position, au soir du premier tour, comme Marine Le Pen, qui avait obtenu 26,60% des voix à l'élection présidentielle, quatre points et demi devant le président sortant.

Après avoir écouté les deux ministres, les salariés de Trevest se disaient heureux de la visite mais dubitatifs.

"Ce qui se dit beaucoup chez nous, c'est que ça ne changera rien, même si on a envie d'y croire comme on croit au Père Noël", souligne Nadia Jester, 51 ans.

Beaucoup de gens dans l'usine sont aujourd'hui tenté par le vote Front national, reconnaît-elle.

Edité par Yves Clarisse

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