Piéton aveugle agressé à Paris: "Je demande 50.000 fois pardon" confie l’automobiliste devant le tribunal
La vidéo avait fait le tour des réseaux sociaux depuis dimanche soir: un conducteur qui avait agressé un homme aveugle et son accompagnateur en juin dernier à Paris après leur avoir refusé la priorité sur un passage piéton a été jugé mardi.
Il a été condamné mardi pour "violences volontaires sur personne vulnérable" ayant entraîné une incapacité totale de travail (ITT) de quatre jours, à 2.000 euros d'amendes dont 1.000 avec sursis. Son permis lui a été retiré pour 18 mois. Il devra aussi 3.300 euros au titre des dommages et intérêts.
L'homme, un ressortissant espagnol, de 68 ans avait refusé de céder la priorité aux deux frères, Patrick et Pascal, alors qu’ils traversaient la route sur un passage piéton. Le chauffeur était alors descendu de sa voiture et avait agressé physiquement et verbalement l'accompagnateur, lui assénant des claques. Il s'en était aussi pris à l'homme aveugle: "Enlève tes lunettes, je vais te frapper".
"Choc émotionnel"
Mardi, devant le tribunal, le ton était tout autre. "Je ne sais pas ce qu'il s'est passé, je me suis très mal comporté", a résumé le prévenu, contrit et demandant "50.000 fois pardon". "J'étais dans un état de colère. Il me semblait que j'avais le temps de passer" sans marquer l'arrêt, a-t-il expliqué par la voix d'un interprète.
Il s’explique: quand Patrick, l’accompagnateur de Pascal, a frappé le toit de son Audi, sa femme assise à l’arrière a été stressée. La suite est racontée par le substitut du procureur:
"Monsieur a considéré que son honneur était atteint. Il s'est jeté comme une furie sur Patrick. Et s'il n'y a pas eu de contact physique avec son frère handicapé, il y a eu choc émotionnel".
L'affaire avait trouvé un écho médiatique grâce à une vidéo relayée sur les réseaux sociaux, filmée par un policier en civil qui roulait à vélo avec une camera GoPro allumée.
Trois associations ou fédérations défendant les aveugles ont été déboutées, le tribunal estimant que si "la vulnérabilité" du piéton était apparente, "aucun élément ne démontre que le prévenu avait conscience qu'il était non-voyant ou mal-voyant" lorsqu'il l'a menacé. Pour l’avocat de l’Union national des aveugles et déficients visuels, ce jour-là, l'homme a "tout simplement joué au mâle dominant".