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Polémique sur le Sénat: "Faisons en sorte que le débat s'ouvre"

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Claude Bartolone s'est déclaré favorable à la suppression du Sénat, sous sa forme actuelle sur RMC et BFMTV, jeudi. Une sortie qui n'a pas du tout plu à Gérard Larcher, le président de la Chambre haute, qui a décidé de ne plus collaborer avec le président de l'Assemblée nationale. Stéphane Girad, auteur d'une enquête sur le train de vie des sénateurs, a regretté sur RMC le manque de transparence du Sénat.

Tout a commencé sur l'antenne, de RMC et BFMTV, jeudi matin. Claude Bartolone, président de l'Assemblée nationale, s'est déclaré favorable à la suppression du Sénat, sous sa forme actuelle.

"Je ne vais pas faire plaisir à mes amis sénateurs, mais je suis pour la fin du bicamérisme, sous cette forme, a déclaré Claude Bartolone. Mais plutôt pour le rapprochement entre Conseil économique et social et le Sénat, pour avoir le Bundesrat [Conseil fédéral,ndlr] à l'allemande…"

Larcher furieux

Et ça n'a pas du tout plus au Président du Sénat, Gérard Larcher. Après cette interview, il a décidé ne plus collaborer avec Claude Bartolone.

Cette passe d'armes entre les chambres basse et haute du Parlement est intervenue au lendemain de la diffusion, sur France 3, d'une enquête sur le train de vie des sénateurs et fonctionnaires, du journaliste Stéphane Girard, de TAC Presse.

Manque de transparence du Sénat

Invité ce vendredi sur RMC, Stéphane Girard raconte s'être heurté au manque de transparence patent de l'institution, au cours de son enquête. Un document que Gérard Larcher a trouvé "inacceptable":

"Quand une télé publique vient dans une institution publique, qu'un journaliste pose des questions tout à fait légitimes, qu'est-ce qui est inacceptable, s'est interrogé Stéphane Girard sur RMC. C'est qu'on lui dise: 'Non, vous n'aurez rien du Sénat, vous n'aurez pas le droit d'interroger les fonctionnaires, vous n'aurez pas accès au budget?' Est-ce cela qui est inacceptable? Ou que je fasse mon boulot? (…) Moi à sa place, je m'interrogerais sur son service de communication."

"Les sénateurs qui bossent, ils sont une cinquantaine"

Autre problème soulevé par le document diffusé dans le magazine Pièces à Conviction: l'absentéisme des sénateurs. Pour illustrer l'ampleur du phénomène, Stéphane Girard a pris l'exemple de la commission des lois, où sont débattues les lois majeures.

"Il y a quarante-neuf sénateurs, à la commission des lois, a précisé le journaliste à RMC. L'année dernière, vingt sénateurs seulement étaient présents en commission des lois! C'est à peu près un tiers des sénateurs, en moyenne, qui se rendent en commission et qui travaillent sur les lois. Et évidemment, ceux qui ne sont pas là, ont exactement les mêmes avantages. Donc ça pose question sur le travail effectif des sénateurs. Et on nous le dit: les sénateurs qui bossent, ils sont une cinquantaine."

"Quand on rentre dans le détail, on comprend pourquoi on ne montre pas le budget"

Dernier point sensible évoqué par le journaliste sur le plateau de RMC, le train de vie des fonctionnaires du Sénat:

"On se rend compte, quand on fouille dans les budgets, qu'il y a toute une sorte de primes qui sont d'un héritage d'il y a plus de soixante ans, a-t-il expliqué. Par exemple, la prime de chauffage, qui a eu court pendant soixante ans, qui date de l'hiver 54 et qui rapporte 4.000 euros par an aux fonctionnaires pour pouvoir se chauffer. Les chauffeurs ont une prime de conduite, en plus de leur salaire… Quand on rentre dans le détail, on comprend un peu mieux pourquoi on ne montre pas le budget."

"Le Sénat est critiqué depuis toujours"

Réagissant aux polémiques qui secouent la Chambre haute, le sénateur PS du Loiret, Jean-Pierre Sueur, d'est dit blessé sur RMC par les attaques dont les sénateurs sont, selon lui, systématiquement victimes:

"Le Sénat est critiqué depuis toujours, a-t-il insisté. Mais ce qui m'a fait mal, c'est qu'on a très peu parlé du travail. Moi, je travaille le matin, le jour, la nuit au Sénat. Je suis passionné par mon travail, qui consiste à faire des lois, à contrôler le gouvernement et à représenter un département. Pour faire une bonne loi, il est très important qu'il y ait deux lectures: une première à l'Assemblée, la seconde au Sénat. Si l'on n'avait que l'Assemblée, je ne crois pas que les choses iraient bien."

Mais Stéphane Girard a enfoncé le clou: "Mon but n'est pas de juger l'institution, mais c'est d'apporter de l'information, a-t-il conclu sur RMC. Faisons en sorte que le débat s'ouvre."

C. P. avec Jean-Jacques Bourdin