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Police-Justice

Procès Evaëlle, qui s'est suicidée à 11 ans: la prof répond aux accusations "d'acharnement"

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Une professeur de français jugée ce lundi pour harcèlement moral six ans après le suicide d'Evaëlle, collégienne de 11 ans. Elle est soupçonnée d'avoir régulièrement participé au harcèlement de la jeune fille et de l'avoir humilié devant ses camarades de classe.

Ce lundi matin dès 9h30 au tribunal correctionnel de Pontoise s'ouvre le procès de l'enseignante accusée d'avoir harcelé Evaëlle. Cette collégienne de 11 ans s'est suicidée dans le Val-d'Oise en 2019. La jeune fille s'était pendue dans sa chambre après des mois de harcèlement subi dans son collège.

Et c'est une première pour la justice, sa professeure de français est soupçonnée d'avoir régulièrement humilié la jeune fille devant ses camarades de classe, participant ainsi au harcèlement subi par la collégienne. Âgée, aujourd'hui, de 62 ans, l'enseignante est jugée pour harcèlement sur mineur.

"Elle demandait à ce que ça s’arrête et ça ne s’arrêtait pas"

Elle est soupçonnée d'avoir isolé et pointé du doigt Evaëlle devant ses camarades comme par exemple pendant ces heures de vie de classe, durant lesquelles la professeure de français forçait Evaëlle à venir au tableau. La collégienne devait alors parler du harcèlement qu'elle subissait et répondre aux questions de ses camarades même quand elle se mettait à pleurer. Un comportement qui a provoqué la "dégradation très importante des conditions de vie de la jeune fille" a souligné la juge chargée de l'enquête, alors qu'Evaëlle subissait en parallèle des insultes et des violences répétées de la part de plusieurs collégiens.

Pendant des mois, les parents d'Evaëlle ont été les témoins impuissants de son mal-être face à la stigmatisation que subissait leur fille devant toute la classe dénonce maître Delphine Meillet, l'avocate de la famille de l'adolescente.

“La jeune Evaëlle était placée au milieu de la classe et on lui disait ‘qu’est-ce qui ne va pas ? Pourquoi est-ce que tu te sens harcelée, adresse toi à tes petits camarades’. Et ses camarades avaient le droit de lui poser toutes les questions qu’ils souhaitaient. Donc imaginez cette enfant qui s’est mise à pleurer, qui demandait à ce que ça s’arrête et ça ne s’arrêtait pas”, dénonce-t-elle.

La professeure dément toute malveillance

"C'était de l'acharnement" ont témoigné certains élèves alors que la professeure, elle, dément toute malveillance et assure qu'elle tentait simplement de régler les conflits auxquels participait Evaëlle.

“On a construit cette idée que c’était un tribunal. C’est faux, il était question d’un groupe d’élèves dont elle faisait partie qui n’arrêtaient pas de s’insulter. Donc moi le but c’était d’arriver à clore ça”, appuie Pascale B., l’ancienne professeure de français de la jeune fille.

Cette dernière, interdite d'exercer depuis, est également poursuivie pour harcèlement sur deux autres collégiens. Elle encourt jusqu'à 3 ans de prison et 45.000 euros d'amende.

Julie Brault avec Guillaume Descours