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A Créteil, les juges d'instruction menacent de libérer des détenus: "Nous sommes assommés, épuisés"

Les juges d'instruction du tribunal de grande instance de Créteil menacent de ne plus prolonger les détentions provisoires de nombreux mis en examen. Les 11 magistrats dénoncent la surcharge de travail à laquelle ils font face, après la suppression d'un poste de juge d'instruction.

Ils croulent sous les dossiers, et n'arrivent plus à faire leur travail. Les 11 juges d'instruction du tribunal de grande instance de Créteil menacent de ne plus prolonger en septembre prochain les détentions provisoires de nombreux mis en examen.

Invitée dans Bourdin Direct ce mercredi, Sarah Massoud, représentante du syndicat de la magistrature dans le Val-de-Marne a expliqué l'origine ce ras-le-bol: "Nous sommes assommés, nous sommes épuisés, nous sommes découragés parce que la chancellerie nous a annoncé il y a dix jours que nous serions dix magistrats à la rentrée au lieu de onze. Cela fait plus d’un an que nous demandons la création d’un douzième cabinet. A onze, c’est devenu mathématiquement impossible. Nous ne pouvons pas conduire nos informations judiciaires de manière satisfaisante. Nous ne pouvons pas respecter les délais légaux pour pouvoir convoquer les gens, les interroger, les entendre, les confronter. On nous assomme en nous retirant un magistrat, d’où notre intervention".

"Aujourd'hui, on ne peut plus faire"

Et de déplorer sa surcharge de travail: "J’ai entendu parler de menace et de chantage, mais que les choses soient bien claires. Les gens à Créteil ne sont pas du genre à proférer des menaces, à faire du chantage à l’égard de la chancellerie. En revanche il y a un constat unanime, c’est qu’aujourd’hui on ne peut plus faire. J’ai 130 dossiers et 60 détenus, si je veux entendre tout le monde, victimes, partie civile, mis en cause, mis en examen: 365 jours par an ne me suffiraient pas. C’est impossible mathématiquement".

Selon la magistrate, cette action doit alerter le gouvernement: "On en arrive là parce qu’on ne peut pas respecter les délais légaux. Quel sens ça a quand les gens sont jugés 3 ans après les faits ? Après je ne me fais d’illusions, dans quelques mois, on n’aura pas 500 magistrats".

La magistrate précise toutefois que ces libérations ne concerneraient pas "des criminels, des violeurs, ou des meurtriers". Ces remises en liberté ne concerneraient que les affaires de stupéfiants ou de vols, des petits délits.

P.B.