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Affaire Adama Traoré: "Ces gendarmes n'ont rien à se reprocher", affirme l'avocat de l'un d'eux

La controverse sur l'affaire Adama Traoré a été ravivée par la mort de Georges Floyd aux Etats-Unis. Version contre version, les avocats des gendarmes ayant procédé à l'interpellation d'Adama Traoré et la famille de ce dernier se livrent une bataille judiciaire depuis maintenant quatre ans. Me Pascal Rouiller, avocat d'un gendarme mis en cause, était l'invité de Jean-Jacques Bourdin.

Quatre ans après les faits, la bataille judiciaire fait toujours rage. Après les nombreuses critiques de la famille sur l'enquête pour déterminer les conditions de la mort d'Adama Traoré, c'est au tour des avocats des gendarmes ayant procédés à l'interpellation, de sortir du silence.

Les avocats d'un des trois gendarmes mis en cause dans la mort du jeune homme ont dénoncé mardi dans un communiqué les "contre-vérités (...) sciemment disséminées depuis 4 ans", revendiquant de "rétablir les faits" dans cette affaire érigée en symbole des violences policières. 

Après la venue d'Assa Traoré la semaine passée sur RMC, Jean-Jacques Bourdin recevait ce vendredi l'avocat d'un gendarme mis en cause

"Nous avons décidé, compte tenu de la situation et malgré le secret de l'instruction, de prendre la parole pour rappeler un certain nombre de certitudes, acquises au cours de l'enquête et qui permettent aujourd'hui d'écarter toutes responsabilités pénales des gendarmes dans le décès d'Adama Traoré", affirme Me Pascal Rouiller, avocat d'un gendarme mis en cause.

"En aucun cas il n'y a eu de plaquage ventral"

Dans une première audition, le chef d'équipe avait déclaré: "Il a pris le poids de notre corps à tous les trois" le temps du menottage. Avant de revenir sur ses déclarations.

Le 19 juillet 2016, Adama Traoré, jeune homme noir de 24 ans, était décédé sur le sol de la gendarmerie de Persan (Val-d'Oise), deux heures après son arrestation dans la maison d'une connaissance chez qui il s'était caché au terme d'une course-poursuite, un jour de canicule.

"Après avoir échappé à une première interpellation, Adama Traoré se réfugie dans un appartement. Le locataire sort effrayé par cette intrusion violente. Adama Traoré se couche au sol, enlève sa chemise et se cache sous une couverture. Les trois gendarmes interviennent à ce moment là, Adama Traoré a les bras sous le corps, on ignore s'il a une arme. En tout cas, il refuse l'interpellation. Les trois gendarmes vont intervenir en même temps, l'un prend le bras droit, l'autre le bras gauche et le troisième va saisir les jambes pour le menotter. En aucun cas il n'y a eu de plaquage ventral. La seule manoeuvre a été une opération pour maintenir l'intéressé", affirme l'avocat.

Quatre ans après les faits, aucune reconstitution n'a été faite. Pourtant, c'est l'une des demandes de la famille. Une reconstitution qui, pour l'avocat, ne permettrait pas de révéler quoi que ce soit: "Reconstituer ce que disent les trois gendarmes n'a pas d'interêt, il suffit de lire leurs déclarations pour savoir ce qu'il s'est passé. Une reconstitution est intéressante quand on a des versions divergentes".

"A un moment, il va falloir arrêter d'enquêter et ouvrir les yeux sur la réalité des choses"

Ce qui s'est passé à l'intérieur n'est donc connu que par les dépositions des trois gendarmes. Des expertises médicales ont depuis été réalisées pour déterminer les causes de la mort.

Celles ordonnées par la justice, une dizaine, exonèrent les forces de l'ordre, attribuant la mort d'Adama Traoré à une asphyxie liée à son état de santé, après un épisode de stress et d'effort. Mais deux rapports commandés par la famille contestent leurs conclusions.

"La certitude judiciaire aujourd'hui, est que ces gendarmes n'ont strictement rien à se reprocher. Ils ont été exemplaires, ont appliqué les techniques en vigueur et leur intervention n'a rien à voir avec le décès d'Adama Traoré (...) Je veux bien qu'on fasse une énième expertise, qu'on fasse une reconstitution, qu'on analyse ce qu'il a mangé la veille ou l'avant-veille, qu'on vérifie ce que le témoin qui n'est pas là pendant l'interpellation à à nous dire, mais à un moment, il va falloir arrêter d'enquêter et ouvrir les yeux sur la réalité des choses", conclue Me Rouiller.
Bourdin Direct (avec C.P.)