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Affaire Adèle Haenel: "Plus tôt on arrive à recueillir la parole de la victime, plus c’est facile de recueillir des preuves", affirme une magistrate

Malgré le refus de l'actrice de porter plainte contre Christophe Ruggia, qu'elle accuse d'agression sexuelle, le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour "agressions sexuelles".

Il reconnaît une "erreur", celle d'avoir joué avec elle "les pygmalions", mais réfute toute violence. Le réalisateur Christophe Ruggia s'est exprimé mercredi suite à l'accusation d'agression sexuelle émise par l'actrice Adèle Haenel, lundi. Il demande à la comédienne de lui pardonner.

Mercredi, la justice s'est saisie de cette affaire. Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour "agressions sexuelles" sur mineure de moins de 15 ans "par personne ayant autorité" et "harcèlement sexuel".

L’actrice n’avait pourtant pas porté plainte et avait affirmé qu’elle ne souhaitait pas le faire. "La justice nous ignore, on ignore la justice", déclare Adel Haenel. Un manque de confiance partagé par beaucoup d’autres victimes selon Violaine Guérin de l’association Stop aux violences sexuelles.

"Elles entendent que ça va être dur, que ça va être douloureux. De nombreux dossiers sont classés sans suite. Dans le cas du milieu professionnel, vous pouvez avoir une rupture de carrière professionnelle, des pressions, qui font qu’une personne ne parle pas devant la justice", indique-t-elle.

Parole contre parole

Pour les magistrats, le problème est l’absence de preuve dans des affaires souvent anciennes reconnaît Katia Dubreuil, présidente du syndicat de la magistrature.

"Il est extrêmement compliqué dans ces affaires, qui sont souvent des huit clos entre un agresseur et sa victime, de recueillir des témoignages des preuves, qui permettent de sortir de la parole de l’un contre la parole de l’autre et d’aboutir à ce que des condamnations soient prononcées. Plus tôt on arrive à recueillir la parole de la victime, plus c’est facile de recueillir ces preuves", indique-t-elle.

Le syndicat plaide pour plus de moyens pour rassurer les victimes et les inciter à sortir du silence avec par exemple plus d’accompagnement et une meilleure formation des agents chargés de recueillir leur plainte. 

Jean-Baptiste Bourgeon avec Guillaume Descours