Assassinat d'un chrétien irakien à Lyon: ce que l'on sait des 5 nouvelles interpellations

Deux semaines après l'arrestation d'un suspect en Italie, l'enquête sur le meurtre d'un chrétien d'Irak en septembre à Lyon, progresse. Cinq personne ont été interpellées jeudi et ont été placées en garde à vue sous la direction de juges antiterroristes parisiens, le parquet national antiterroriste (PNAT) ayant repris le dossier initialement supervisé par le parquet de Lyon.
Les gardés à vue ont tous été en contact avec l'homme interpellé en Italie le 2 octobre, un ressortissant algérien de 28 ans, ont précisé à l'AFP des sources proches du dossier. Selon une source policière française, des "investigations techniques très poussées" ont rapidement permis aux enquêteurs d'identifier un suspect, dont ils ont retrouvé la trace en Italie.
Arrivé en bus à Milan dès le 12 septembre, l'homme avait fait étape à Rome avant de se diriger vers le sud du pays. Le 2 octobre, il a été arrêté à Andria, chez des compatriotes, dans le cadre d'un mandat d'arrêt européen. Un grand couteau a été saisi lors de son interpellation, selon la police italienne. La France a demandé son transfert, mais ce ressortissant algérien se trouvait encore en Italie jeudi, selon deux sources proches du dossier.
"Ashur n'avait pas d'ennemi"
Le 10 septembre, Ashur Sarnaya, un chrétien d'Irak de 45 ans, très présent sur les réseaux sociaux où il postait régulièrement des vidéos évoquant sa foi, a été attaqué au pied de son immeuble, dans un quartier résidentiel de Lyon. "Ashur était une personne normale. Il faisait des lives sur TikTok pour faire passer la parole de Dieu. Il n’avait pas d’ennemi, pas de problème avec personne", avait témoigné sa soeur auprès de RMC et BFM Lyon.
En situation de handicap, il se trouvait dans son fauteuil roulant, en train de faire un live sur le réseau Tik Tok, quand il a été frappé au cou avec une arme blanche. Son assaillant s'était enfui à pied, tandis qu'il succombait à ses blessures.
L'enquête, ouverte initialement pour homicide volontaire, avait été rapidement requalifiée en enquête pour assassinat par le parquet de Lyon, mais les enquêteurs restaient prudents sur le mobile du crime.
La victime vivait à Lyon depuis au moins 10 ans
Le 9 octobre, elle a été étendue aux infractions d'"assassinat en relation avec une entreprise terroriste" et "association de malfaiteurs terroriste criminelle". Le parquet national antiterroriste, qui était en observation depuis un moment, a repris le dossier sans préciser les éléments ayant conduit à sa saisine. Ashur Sarnaya, membre de la communauté chrétienne assyro-chaldéenne, vivait avec sa sœur depuis au moins dix ans à Lyon. Selon ses voisins, il était très discret.
Sur ses comptes en ligne, consultés par l'AFP, cet homme était au contraire particulièrement prolixe: il s'exprimait en arabe et postait fréquemment des vidéos consacrées à la religion chrétienne.
Sur l'une d'elles, visible sur TikTok, il affirmait que ses contenus étaient régulièrement bloqués et ses comptes suspendus en raison, selon lui, de signalements faits par des utilisateurs musulmans.
Au lendemain de son décès, l'Œuvre d'Orient, association catholique qui vient en aide aux chrétiens d'Orient, avait condamné "avec la plus grande fermeté" son assassinat. "Il est indispensable que les chrétiens du Moyen-Orient puissent témoigner de leur foi en toute sécurité et vivre dignement", avait-elle ajouté dans un communiqué.