Attaque à Paris: faut-il donner aux policiers le pouvoir de demander des injonctions de soins?

Après l'attentat samedi soir qui a causé la mort d'une personne sur le pont de Bir-Hakeim, dans le 15e arrondissement de Paris, la question du suivi psychologique de l'assaillant est au coeur des débats.
Armand Rajabpour-Miyandoab s'est converti à l'islam à l'âge de 18 ans, en 2015, et a très rapidement versé dans l'idéologie jihadiste. L'homme, âgé de 26 ans, est atteint de troubles psychologiques et suivait en effet un traitement jusqu'en 2022.
Ce sont les profils "les plus difficiles à suivre", explique le préfet de police Laurent Nunez, parce qu'il est compliqué pour les services de renseignement de distinguer la part de radicalisation et la part de problèmes psychiatriques de la personne.
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin souhaite rendre plus contraignant le suivi médical de ces profils. Sur TF1, dimanche soir, il a proposé que les préfets puissent forcer une injonction de soins lorsqu'ils considèrent un individu toujours dangereux, malgré un avis contraire des médecins.
Aujourd’hui, seule la justice peut décider d’une injonction de soins. L’objectif serait de pouvoir contredire les expertises médicales si un faisceau d'indice atteste de la dangerosité de l'individu. Mais ce possible changement fait débat.
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"Où on va-t-on?"
Pouvoir demander une injonction de soins, soit une nouvelle compétence des fonctionnaires, Grégory Joron, secrétaire général du syndicat USGP Police, se dit prêt:
"Je pense qu’on manque de moyens de contrainte pour des individus extrêmement dangereux. Notre société est en droit d’attendre une protection aujourd’hui. S’il faut pour cela élargir ces moyens individuels de contrôle, ça ne me semble pas dingue. Je crois vraiment qu’il faut de toute façon réfléchir à faire bouger le cadre. C’est une réalité".
Une décision qui serait absurde pour Christophe Clerc, avocat.
"Quand des fonctionnaires ont la possibilité d’ordonner des traitements psychiatriques, où on va-t-on?", s’inquiète-t-il.
"Ça peut être des traitements médicamenteux, des enfermements dans des hôpitaux psychiatriques. Je ne pense pas qu’un policier, avec toutes les qualités qu’il peut avoir, soit la personne la mieux à même de décider s’il y a lieu ou non d’imposer un traitement psychiatrique", ajoute Christophe Clerc, qui regrette le manque de professionnels pour assurer les suivis psychiatriques en France.