Attentat de Nice: "J'ai un sentiment de culpabilité parce que, moi, je suis vivante"
L'hommage national aux victimes de l'attentat du 14 juillet prévu à Nice en présence du président de la République a été reporté de vendredi à samedi en raison d'une météo exécrable, pour préserver une cérémonie très attendue par les Niçois. Au total, 2.500 personnes seront rassemblées sur la colline du château près du vieux Nice autour du chef de l'Etat. Parmi elles, Carolina Mondino, 68 ans, est une miraculée.
"Les infirmières ont souffert avec moi"
Originaire d'Argentine, elle vit à Nice depuis 30 ans. Grièvement blessée par le camion, elle a dû suivre une longue rééducation pour pouvoir remarcher. Toujours hospitalisée, elle sortira exceptionnellement pour assister à la cérémonie. Une commémoration très importante pour elle car elle lui permettra d'honorer la mémoire de son amie Jacqueline, qui n'a pas survécu à l'attentat.
"Au départ, pendant trois semaines, j'étais couchée en regardant le plafond. Après, j'ai été dans un fauteuil puis je suis passé au déambulatoire. Ensuite les béquilles et aujourd'hui je ne les ai plus, témoigne-t-elle ce vendredi sur RMC. Les pauvres infirmières ont vraiment souffert avec moi. Toutes celles qui sont entrées dans ma chambre sont parties en pleurant. J'étais quelqu'un de vraiment très désagréable et agressive".
"Elle me manque beaucoup"
"Quand vous avez souffert d'un tel traumatisme, au début, vous ne faites pas la différence entre les gens qui vous aiment et ceux qui vous veulent du mal, ajoute-t-elle. J'avais beaucoup de colère… J'avais perdu ma meilleure amie… On avait tellement de projets, de voyages, de choses que l'on voulait faire ensemble… C'est ça le plus dur à surmonter: le travail de deuil que je dois faire vis-à-vis de mon amie Jacqueline. Elle me manque beaucoup..."
"J'ai un sentiment de culpabilité parce que, moi, je suis vivante. C'est très, très lourd à supporter, confie encore Carolina. Je sens le besoin d'y aller, en mémoire de ceux qui ont quitté ce monde. Mais j'appréhende tout de même la douleur que je vais manifester vis-à-vis de Jacqueline. C'est une façon de lui rendre hommage puisque je n'ai pas pu être à son enterrement."