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Police-Justice

Aux Quatre Temps, "on a l'impression d'être en sécurité" mais "on vient avec la boule au ventre"

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- - LOIC VENANCE / AFP

REPORTAGE - D’après nos informations, le terroriste tué lors de l’assaut de Saint-Denis voulait s’attaquer au commissariat de La Défense et au centre commercial les Quatre Temps. Sur place, salariés et clients ne réagissent pas tous de la même manière face à la menace d'un nouvel attentat.

Le cerveau présumé des attentats du 13 novembre, Abdelhamid Abaaoud, avait prévu de se faire exploser avec un autre jihadiste (l'homme retrouvé à ses côtés lors de l'assaut à Saint-Denis, ndlr), le mercredi 18 ou le jeudi 19 novembre à La Défense près de Paris, a annoncé mardi le procureur de Paris, François Molins. Plus précisément, d’après nos informations, les deux kamikazes devaient se partager deux cibles dans le quartier d'affaires: le centre commercial des Quatre Temps (le plus fréquenté de France) et le commissariat de la Défense.

"On ne va pas changer nos habitudes"

Une information qui n'inquiète pas plus que cela Suzanne, rencontrée ce mercredi sur le parvis de La Défense. Cela fait 38 ans qu'elle emprunte le même chemin pour se rendre à son travail et les récents événements n'ont en rien perturbé sa routine. "Je pense à mon travail, avoue-t-elle, calmement. Car de toute façon, ce n'est pas un choix, une option: il faut aller travailler. Dès que vous êtes dans un endroit où il y a beaucoup de monde, vous êtes forcément exposés. Nous avons la chance de travailler dans de grandes structures où l'on sait qu'il y a des gens qui s'occupent de la sécurité. Nous ne sommes donc pas démunis".

Et depuis les attentats du 13 novembre, aux Quatre Temps, cette sécurité a été renforcée. Ce qui rassure Nadjat, une cliente habituée: "Des collègues me déconseillaient de venir faire les courses ici. Mais je ne vois pas pourquoi. C'est sécurisé, il y a des fouilles à l'entrée du centre et à l'intérieur des magasins. On a l'impression d'être en sécurité". Et d'ajouter: "Ce n'est pas parce qu'il y a eu un risque d'attentat la semaine dernière qu'on va arrêter de venir. On ne va pas changer nos habitudes pour ça".

"Essayer d'oublier"

Les employés des boutiques, eux, sont moins sereins. "On ne va pas se mentir, je viens quand même avec une petite boule au ventre, confie Diane responsable d'une grosse enseigne de vêtements. Au moindre bruit, je regarde à gauche, à droite, devant, derrière." Pourtant, dans sa boutique, des dispositions d'urgence ont été prises: "Nous avons immédiatement pris des mesures de sécurité et on a aussi fait des doubles des clefs du magasin pour fermer à tout moment en cas de danger".

Si elle assure "essayer d'oublier", Diane confie aussi "connaître les sorties de secours cachées, les entrées réservées aux staffs… où je sais que je peux, peut-être, m'en sortir moi-même". Si, comme le constatent les vendeurs, le centre commercial retrouve petit à petit une fréquentation normale, la semaine dernière, dans certaines boutiques, le chiffre d'affaires a baissé de 75%.

Maxime Ricard avec Aurélia Manoli