Blocage des sites pornos: le gouvernement attend "un verdict exemplaire" face à "un scandale"

C'est le jour J pour les sites X. Le tribunal judiciaire de Paris doit décider ce vendredi si cinq sites pornographiques, dont les leaders du secteur Pornhub, XVideos ou XHamster, seront bloqués en France faute d'empêcher réellement l'accès à leur contenu par les mineurs. La demande de blocage qui vise également les sites Tukif et Xnxx a été initiée en 2021 par l'Arcom, régulateur de l'audiovisuel et du numérique.
"Deux millions d'enfants sont exposés chaque mois à des contenus pornos, la moitié des enfants de 12 ans y sont exposés. C'est révoltant, souligne Jean-Noël Barrot, ministre délégué au Numérique, dans ‘Apolline Matin’ ce vendredi sur RMC et RMC Story. Le tribunal va rendre son verdict et je souhaite qu'il soit exemplaire et qu'il bloque ces cinq sites, pour que nos enfants soient enfin protégés. C'est un scandale de santé publique. Cela peut avoir des conséquences dramatiques: trouble du sommeil, de l'attention, de l'alimentation, conduites à risque..."
Depuis juillet 2020, la loi précise que les sociétés ne peuvent s'exonérer de leurs responsabilités avec une simple déclaration de majorité. Mais rien ne s'est passé comme prévu, entre ratés de procédure de l'autorité administrative et manoeuvres dilatoires menées par les sites visés, le tout sous le regard impassible des opérateurs télécoms chargés de mettre en oeuvre un éventuel blocage.
Si celui-ci est acté, les consommateurs français de pornographie - de tous âges - se verront renvoyés vers une page d'information de l'Arcom. Une mesure aisément contournable grâce à un réseau privé virtuel (VPN).
Un projet de loi au Sénat
Mais pour le gouvernement, le sujet ne peut pas souffrir de délai supplémentaire. "En 2023, c'est la fin de l'accès aux sites pornographiques pour nos enfants", avait déclaré en février le ministre délégué au Numérique Jean-Noël Barrot, au Parisien.
Dans tous les cas, le ministre compte sur son projet de loi de régulation du numérique, en cours d'examen au Sénat, pour permettre à l'Arcom de se passer du juge. L'autorité a mis en demeure trois nouveaux sites, dont YouPorn, et lancé une procédure judiciaire à l'encontre de deux autres plateformes.
Le Royaume-Uni tente lui aussi de mieux filtrer l'accès aux sites porno, avec son projet de loi sur la sécurité en ligne, en discussion au Parlement. Aux Etats-Unis, la Louisiane et l'Utah ont intégré dans la loi une vérification de l'âge des internautes.
Mais les projets de mise en place d'une vérification de l'âge des internautes dans le monde se sont pour le moment heurtés à la question de la protection des données personnelles.
En France, une solution technique reposant sur un tiers de confiance a été présentée mais reste en phase de test. La Cnil, gardienne des données personnelles, s'est déclarée favorable à des solutions transitoires comme la validation de l'âge par la carte de paiement ou l'analyse des traits du visage.