Brouilleurs de portables dans les prisons: "Ça existe déjà, François Bayrou n'a rien inventé"

- - AFP
David Besson est secrétaire général de l'UFAP, premier syndicat de l'administration pénitentiaire.
"Le brouillage dans les prisons, ça existe déjà, François Bayrou n'a rien inventé. 90% des établissements pénitentiaires en sont équipés. Le problème qui se pose c'est qu'on est obligé d'alléger ce système de brouilleur parce qu'on ne peut pas le cloisonner aux murs d'enceinte des établissements. Et pour les établissements qui sont en ville comme à Poissy ou à Versailles (Yvelines) ou Marseille (Bouches-du-Rhône), il y a une gêne pour les riverains qui s'en plaignent.
C'est juste un problème de technologie. L'idée n'est pas nouvelle, ça date de 2002. Après, M. Bayrou vient de prendre ses fonctions, il faut qu'il prenne connaissance des différents dossiers.
Certains établissements utilisent sur un autre système: l'Imsi-catcher qui est un appareil qui vient non pas brouiller les téléphones, mais capturer les conversations pour pouvoir les utiliser à des fins de renseignement.
Il faut aussi savoir que l'ensemble de la population carcérale a accès à la téléphonie dans les établissements, mais cet accès a un coût pour le détenu. Ces conversations sont écoutées par un employé de l'administration pénitentiaire et au vu des propos qui sont tenus, ces conversations sont retranscrites au juge d'instruction ou au chef d'établissement.
"La technologie n'est pas encore assez fiable pour cibler le brouillage"
Après, beaucoup de détenus ont un portable 'illégalement'. Et lorsque certains détenus sont extraits de leur cellule, le fait d'avoir un téléphone portable vient mettre en péril la sécurité de l'établissement et des fonctionnaires qui sont amenés à effectuer l'escorte.
Il y a des appels d'offres qui sont effectués pour voir les meilleurs services de technologie pour faire en sorte que le brouillage soit efficace à l'intérieur sans qu'il y ait une gêne à l'extérieur. Mais ce n'est pas encore gagné. La technologie n'est pas encore assez fiable pour pouvoir cibler le brouillage.
Nous avons rencontré François Bayrou la semaine dernière, nous lui avons parlé de la loi pénitentiaire qui ne rend plus obligatoire la fouille d'un détenu après qu'il ait été en contact avec quelqu'un de l'extérieur. C'est pour cela aussi que l'on réclame qu'il y ait une fouille dès qu'un détenu a été en contact avec l'extérieur.
Même pour les détenus qui reviennent de Syrie ou d'Irak, on est obligé de justifier par des rapports la fouille du détenu. Et plus globalement, il y a aussi un manque crucial d'effectif. L'administration pénitentiaire rajoute différentes missions au personnel sans augmenter les effectifs".