"Ça ne change rien”: dès le départ d'Emmanuel Macron, le trafic de drogue a repris à la Castellane

Emmanuel Macron a effectué ce mardi une visite surprise dans le quartier de la Castellane à Marseille, où une opération "place nette XXL" a été lancée la veille contre les trafiquants de drogue. Les forces de l'ordre "vont pendant des semaines pilonner le territoire", a promis le président. 4.000 policiers et gendarmes vont ainsi être mobilisés dans la cité phocéenne pour trois semaines au total.
Mais si le trafic a été stoppé plusieurs heures pendant l'opération policière et la visite d'Emmanuel Macron, les ventes de stupéfiants sont reparties peu après le départ du chef de l'Etat.
Les derniers camions de CRS qui sécurisaient la visite du président quittent le quartier et là, on entend à nouveau les sifflets, les cris des guetteurs, signe que le trafic a repris. Pas une surprise pour Gina, une habitante. “Quand ils sont là, c’est un peu plus calme, mais dès qu’ils repartent, ça revient directement, ça ne change rien”, indique-t-elle.
Et comme pour narguer le président de la République, des jeunes à moto sans casque viennent vérifier s’il n’y a plus de forces de l’ordre. Une ambiance qui désespère Gina.
“Je doute vraiment que ça fonctionne. Parce qu’il y aura toujours des moyens de détourner la stratégie. Ils mettront par exemple en place des points de livraisons en voiture, ce qui est déjà très présent à Marseille”, assure-t-elle.
Pour le député Nupes-LFI des Bouches-du-Rhône, Sébastien Delogu, ces opérations policières sont surtout des coups de com.
"On est là, on fait des coups de communication. Mais en fait des personnes de la Castellane m’ont envoyé à 17h30 une vidéo pour me montrer qu’à la suite du départ de tous les cars, le trafic avait repris sa place. Et ensuite, quand j’ai dit hier soir que le trafic avait repris, ils ont refait une opération. C’est bien de faire ces opérations mais si on arrive à réorganiser la population avec les services publics pour les insérer dans notre société, au lieu de les abandonner comme le fait l’Etat, on arrivera à des résultats", assure-t-il ce mercredi matin sur RMC.
Responsabiliser les familles
Pour sortir ces jeunes du narcotrafic, le président de la République explique vouloir responsabiliser les familles et pourquoi pas imposer l’internat à certains d’entre eux pendant six mois. Une idée intéressante pour Nadia, travailleuse sociale dans les quartiers nord de Marseille.
“Pourquoi pas, ça peut être une bonne idée. Mais ce que je connais et ce que je vois qui fonctionne aujourd’hui pour ces jeunes, ce sont les centres éducatifs fermés. Donc ça existe déjà et on ne va pas en développer d’autres”, assure-t-elle.
Pour d’autres, le problème est si grave qu’ils proposent d’impliquer l’armée pour s’occuper de ses jeunes.