"Ça permet de dissuader": l'affichage des visages d'auteurs de vols à l'étalage bientôt autorisé?

Face à la recrudescence des vols, les commerçants veulent pouvoir afficher les voleurs en vitrine. Cette pratique, également connue sous le nom de 'name & shame' (montrer et afficher, ndlr) en anglais, aujourd'hui illégale pourrait bien ne plus l'être. Le député Modem Romain Daubié veut en effet déposer une proposition de loi pour rendre légal l'affichage des portraits des contrevenants devant les devantures des magasins lésés.
"Les conséquences pour les petits commerces de nos villes et villages sont dramatiques", assure l'élu dans son projet de loi qui évoque jusqu'à 2% de perte de chiffres d'affaires pour les commerçants.
"Ils n’ont pas la même résilience ou facilité à rebondir que les hypermarchés justement, de leur chiffre d’affaires dépend souvent leur salaire à la fin du mois, voire leur survie", poursuit Romain Daubié.
"Cela permet de dissuader"
Une bonne nouvelle pour les commerçants: "C'est une victoire d'avoir enfin l'écoute du monde politique" se félicite ce jeudi sur RMC et RMC Story Jérôme Jean, commerçant à Amiens et fondateur du collectif Ras-le-Vol qui affiche déjà les visages des voleurs sur les devantures de ses magasins.
"Grâce à la diffusion des images de vidéosurveillance on a pu identifier un voleur sur trois", assure le commerçant. "Cela permet de dissuader des gens qui n'ont plus peur de rien et cela met en garde les autres commerçants", poursuit Jérôme Jean, propriétaire de magasins d'habillement.
"Il n’est pas question de vendetta personnelle mais si afficher quelqu’un permet de l’identifier et aider les gendarmes et les policiers à faire leurs investigations, c’est une bonne chose, dans le respect de certains équilibres", tient à prévenir le député Romain Daubié sur le plateau des "Grandes Gueules".
Ces équilibres, tout faire pour éviter d'afficher des mineurs, afficher qu'on participe au dispositif sur sa devanture et contribuer au respect de la présomption d'innocence.
Afficher un voleur peut coûter jusqu'à 45.000 euros aux commerçants
Pour dissuader, les établissements qui affichent les voleurs préviennent déjà à l'entrée avec une pancarte: 'établissement sous vidéosurveillance, nous diffusons les images en cas de vol' peut-on lire. "Il faut que tout le monde le sache. Vous volez, vous êtes affichés", insiste le fondateur de Ras-le-vol.
Aujourd'hui, la pratique peut avoir de lourdes conséquences pour les commerçants. Afficher des voleurs présumés sans leur consentement est puni d'un an d'emprisonnement et de 45.000 euros d'amende selon l'article 226-1 du Code pénal relatif à la protection de la vie privée. Enfin, traiter quelqu’un de "voleur" sur une affiche, est considéré comme de la diffamation publique et peut coûter au contrevenant 12.000 euros d'amende.
Selon le député Romain Daubié, les vols à l'étalage mais aussi la grivèlerie plus connue sous l'appellation de "resto-basket" ont augmenté depuis 2022.