Ce que change l'arrivée du Charles-de-Gaulle au large de la Syrie

Ça y est, le porte-avions Charles-de-Gaulle est "arrivé sur zone", et est opérationnel à partir de ce lundi. Si sa position exacte doit bien évidemment rester secrète, on sait qu'il se trouve au large des côtes syriennes. L'arrivée du porte-avions, décidée après les attentats de Paris, va permettre à la France d'engager 26 avions de plus sur le terrain syrien et irakien.
"C'est un triplement de notre capacité de frappe", s'est réjoui ce lundi matin sur RMC le général Dominique Trinquand, ancien chef de la mission militaire française auprès des Nations-Unies. Les 18 Rafale et 8 Super-Étendard du Charles-De-Gaulle s'ajoutent en effet aux 12 appareils stationnés aux Émirats Arabes Unis (6 Rafale) et en Jordanie (6 Mirage 2000). "Cela va permettre de frapper plus vite avec plus de moyens", poursuit le général.
"Hollande est enfin sorti du déni"
La mise à disposition de la coalition internationale du porte-avions français, au-delà des capacités de frappes, illustre "le virage à 180 degrés pris par la France", explique chez Jean-Jacques Bourdin le général Dominique Trinquand. "Seuls les Russes avaient jusque-là une stratégie claire, en soutenant (le président syrien) Bachar el-Assad. La France a maintenant décidé que Daesh était le seul ennemi, et que la question de Bachar el-Assad se poserait après. La France a ainsi pris l'initiative d'une résolution du Conseil de sécurité, votée vendredi, dans lequel est stipulé que tous les moyens doivent être mis en œuvre pour battre Daesh".
"Ça permet aussi de montrer aux Français que François Hollande est enfin sorti du déni et qu'il va s'attaquer au problème (du terrorisme). Et puis de montrer à nos alliés que la France entre totalement dans le jeu. La France arrive !", ajoute sur RMC le général Vincent Desportes, ancien directeur de l'École de guerre et professeur à Science-Po.
Si pour l'instant, les cibles des avions français sont les centres de commandement et de formation, mais aussi les "capacités de ressources" de l'organisation État Islamique (autrement dit les "lieux de pétrole"), le général Desportes voit plus loin : "Cela permettra de s'attaquer à d'autres cibles comme Raqqa ou Mossoul".
"Il faut viser Raqqa"
Mossoul, la grande ville du nord de l'Irak et ses 1,5 million d'habitants, où se trouvent les lieux de décision politique de l'EI, est aussi une cible pour le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian. Bombarder Mossoul ? Une fausse bonne idée pour le Général Dominique Trinquand. "Mossoul est une ville sunnite, et ne pourra être prise uniquement par des troupes sunnites. Or, aucunes troupes sunnites ne participent aux combats contre Daesh", souligne-t-il.
"Plutôt que de s'attaquer à Mossoul, il faudrait mieux se concentrer sur des cibles plus réduites. Sindjar (ville reprise à Daesh par les Kurdes appuyés par la coalition internationale) en était une, et Raqqa (le fief de l'EI, où sont notamment formés les jihadistes étrangers, NDLR) pourrait en être une autre. Ce serait un symbole considérable. Les Peshmerga kurdes se disent prêts à s'allier pour prendre Raqqa, profitons-en", estime le Général Desportes.