Colère des policiers après l'agression à Champigny-sur-Marne: "On a besoin de soutien"
La colère gronde au sein de la police après l'agression de deux policiers le soir du Nouvel An à Champigny-sur-Marne. Ces deux policiers étaient venus en renfort pour rétablir l'ordre aux abords d'une soirée organisée sans autorisation dans un hangar. Isolés parmi la foule, ils ont été passés à tabac. Le policier, qui a eu le nez cassé, et sa collègue, frappée au sol et souffrant de contusions au visage, se sont vu prescrire dix et sept jours d'incapacité totale de travail (ITT).
Des dizaines de femmes de policiers et des policiers se sont donc rassemblés partout en France hier, à Lille, Saint-Etienne ou encore hier soir au Trocadéro à Paris. Ils étaient une vingtaine à demander plus de moyens aux services de police, plus d'effectifs, d'autres demandaient des sanctions pénales plus strictes et le retour des peines plancher.
"Ca peut partir à tout moment"
Eva, policière, témoigne de situations de plus en plus tendues: "Ça peut partir à tout moment et n'importe où. Quand vous patrouillez parfois, vous savez que vous êtes en sous-effectif qu'il n'y a pas de véhicule autour qui pourrait venir en renfort et là les mecs qui traînent dans ces quartiers-là vous font un signe d'égorgement. Qu'est-ce que vous voulez faire? On a besoin de soutien. On est des hommes, on est des femmes, on est des pères et des mères de famille. Avant d'être policiers nous sommes quand même des êtres humains. Deux collègues ont déjà mis fin à leurs jours depuis le 1er janvier".
Et pour les conjoints des policiers, l'angoisse est réelle:
"Quand on est avec un policier, on connaît les conséquences. On sait très bien qu'à un moment il peut rentrer blessé ou ne pas rentrer du tout. On est très inquiets. Dans les cités, certains ont une agressivité envers les forces de l'ordre, donc on a une boule au ventre quand on voit nos maris ou nos femmes partir au travail le matin. Ils peuvent rentrer blessés: il y a eu des jets de boules de pétanque ou de micro-ondes qu'on balançait pas les fenêtres. C'est une colère, un ras-le-bol", s'indigne Lilo, l'épouse d'un policier.
Edouard Philippe a prôné mercredi sur France 2 "une grande sévérité judiciaire et pénale" pour les auteurs de cette agression. Le Premier ministre s'est dit "horrifié" par "le comportement évidemment criminel" des auteurs de cette agression et "frappé aussi par ceux qui ne faisaient rien, qui filmaient". Il a dit souhaiter "beaucoup plus de policiers sur le terrain" et expliqué se "méfier" des "réactions qui passeraient par un élément législatif", au sujet d'un éventuel rétablissement des peines plancher réclamé par des policiers.