Comment expliquer la vague de suicides à la prison de Fleury-Mérogis?
Que se passe-t-il à la prison de Fleury-Merogis ? Un nouveau détenu s'est suicidé mardi, le onzième suicide en huit mois. C'est plus que lors des deux années précédentes cumulées. La tendance nationale est à la hausse avec 64 suicides depuis le début de l'année, 59 en 2017 sur la même période, mais en baisse par rapport à 2016 (71 suicides).
Avec 4.300 détenus, Fleury-Mérogis est la plus grande prison d'Europe. Le taux de surpopulation carcéral y est moins important que dans la plupart des établissements pénitentiaires.
Mais cette vague de suicide inquiète et interroge les autorités comme les détenus. Pour le moment la justice y voit des cas individuels. Le parquet d'Evry a ouvert une enquête judiciaire systématiquement après chaque suicide. Mais aucun élément déclencheur commun, ni de facteur d'explication n'a été trouvé.
Le dispositif des "codétenus de soutien" mis en place partiellement dans les mois à venir
Les détenus étaient parfois incarcérés à Fleury depuis plus d'un an, comme cet homme soupçonné d'avoir vendu des armes à un couple qui les avaient revendues au terroriste de Nice, parfois depuis moins d'un mois, comme cet homme de 48 ans, qui a mis fin à ses jours mardi.
Accusé de viol sur son ex-compagne, et de violence dans une autre affaire, il avait été identifié comme un détenu fragile psychologiquement. Un surveillant passait le voir toutes les heures. Mais il s'est pendu entre deux rondes. A partir de septembre, le parquet, l'administration pénitentiaire et tout le personnel de soins doivent se réunir pour tenter de mettre fin à cette série noire.
Le dispositif des "codétenus de soutien", qui existe déjà dans 14 établissements pénitentiaires, sera d'ailleurs mis en place dans deux des cinq bâtiments de Fleury-Mérogis "dans les mois à venir", a indiqué la direction de l'administration pénitentiaire (DAP). Dans ce cadre, des détenus volontaires sont formés par la Croix-Rouge pour soutenir des prisonniers fragiles, ayant besoin de parler.
"Un surveillant c'est en moyenne 90 détenus à gérer"
Alexandre Caby, délégué Ufap-Unsa de la prison de Fleury-Mérogis rappelle que les surveillant manque de moyens en terme de temps et de renforts pour gérer parfaitement toutes les situations délicates.
"Ce sont des situations humaines dramatiques à gérer. Mais on n'arrive pas à l'expliquer. Les conditions de détention à Fleury sont quand même très bonnes du fait que c'est un établissement rénové. Après, en effet, nous n'avons pas le temps de les suivre comme il se doit. Un surveillant c'est en moyenne 90 détenus à gérer. Les personnels n'ont pas les moyens en terme de temps et de moyens humains pour tout faire."