Condamnation de l'Etat: "Tant que les descendants de harkis ne seront pas apaisés, ils continueront"
C'est une première en France. Le Conseil d'Etat a condamné l'Etat à verser 15.000 euros à un fils de harki pour les conditions de vie "indignes" réservées aux familles débarquant en France après l'indépendance de l'Algérie.
Une condamnation au titre des "préjudices matériel et moral subis du fait des conditions dans lesquelles il a vécu entre 1963 et 1975". Dans sa décision, le Conseil d'Etat estime que ces conditions de vie ont "fait obstacle à son apprentissage du français et entraîné des séquelles qui ont exigé un accompagnement médico-psycho-social".
"Ce n'est pas un cas qui va apaiser des centaines de milliers de personnes"
Cette condamnation pourrait pousser les harkis et leurs descendants à engager, eux-aussi, des poursuites. C'est l'avis de Fatima Besnaci-Lancou, historienne et co-fondatrice de l’association Harkis et droits de l’homme: "Dans cette condamnation de l'Etat, c'est une personne qui va être indemnisée, ce n'est pas suffisant. Ce n'est pas un cas qui va apaiser des centaines de milliers de personnes. Il va y avoir des personnes individuellement, des groupes, des associations, qui vont se servir de ce cas pour aller devant la justice. Tant que les descendants de harkis ne seront pas apaisés, ils continueront".
Sur les quelque 150.000 Algériens recrutés par l'armée française comme auxiliaires durant la guerre d'Algérie (1954-1962), environ 60.000 sont parvenus à partir pour la métropole avec les "pieds-noirs". Mais leur accueil s'est fait dans des conditions précaires (camps, hameaux de forestage et cités urbaines), sans réelles perspectives d'intégration pour eux-mêmes ou pour leurs enfants.