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Deux ans après l'incendie du gîte de Wintzenheim: "on n'a pas retenu les leçons du passé"

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En 2023, l’incendie d’un gîte non déclaré faisait 11 morts, à Wintzenheim en Alsace. Deux ans après, l’enquête a déjà révélé toute une série de manquements, à différents niveaux.

Un triste anniversaire samedi matin. Il y a deux ans, l’incendie d’un gîte non déclaré faisait 11 morts, à Wintzenheim en Alsace. 10 d’entre eux étaient des vacanciers lorrains en situation de handicap, et le dernier était l’un de leurs accompagnateurs.

Comment ce drame a-t-il pu se dérouler, qui est responsable? Deux ans après, l’enquête a déjà révélé toute une série de manquements, à différents niveaux. Nos confrères de l’Est républicain révélaient samedi 9 août une nouvelle piste: le départ de feu pourrait être lié à une bougie restée allumée par négligence.

"Ils veulent savoir comment ça s'est passé"

Les familles des victimes, leurs proches, les accompagnants espèrent aujourd’hui comprendre ce qu’il s’est exactement passé pour pouvoir enfin entamer leur deuil. Deux ans après le drame, les familles des victimes désespèrent d’arriver à un procès: "c'est une autre tare compte tenu de l'âge de mes clients, la sœur a 76/77 et le frère a 80 ans".

Maître Vorms est l’avocat de la famille de Marcelle Vick, 56 ans, décédée dans l’incendie: "C'est tout de même une personne à laquelle ils étaient très attachés. C'était une personne qui était pleine de sentiments et toujours dévouée à la famille".

"Mes clients n'ont toujours pas fait leur deuil et ils veulent surtout savoir comment ça s'est passé", poursuit-il.

Selon les premiers éléments de l’enquête, le gîte n’était pas déclaré, et pas aux normes pour accueillir un tel groupe de personnes vulnérables. Mais la chaîne de responsabilité est complexe et longue, estime Denis Renaud, président de l’AEIM 57 qui a perdu 4 membres dans l’incendie.

"Les services de l'Etat dans le cadre de l'agrément qui a été donné, l'organisateur du séjour dans la façon dont il a géré ça, il y a eu beaucoup d'intervenants et tous ont quelque chose à se reprocher", explique-t-il.

"On n'a pas retenu les leçons du passé"

Et ce drame, déplore-t-il, n'a pas fait évoluer la législation et les contrôles de gîtes: "évidemment, il y a toujours énormément de tristesse quand on repense à ce drame, la douleur des proches, des professionnels". Mais surtout, l'autre sentiment, "c'est du dépit, que deux ans après, au travers d'un drame qui s'est passé il y a quelques jours, on s'aperçoit que finalement on n'a pas retenu les leçons du passé".

Il y a une dizaine de jours, un incendie s'est déclaré à Montmoreau (Charente), dans un gîte accueillant des personnes adultes en situation de handicap. Le drame a fait cinq morts.

"Quand on veut accueillir des personnes vulnérables, c'est une législation particulière et à ce moment-là les normes de sécurité doivent s'adapter partout. Ils s'inscrivent dans une démarche mercantile avec un surcoût handicap, il faut en assumer à la fois le rendement mais aussi l'obligation qui en découle", détaille Denis Renaud.

Il conclut: "on attend que le procès puisse mettre en lumière toutes ces dérives. Les personnes qui sont décédées sont des personnes à part entière et ils ont le droit à cette vérité". Pour l’instant, seule la propriétaire du gîte est mise en examen. Le maire de Wintzenheim et l’un de ses adjoints ont été placés sous le statut de témoin assisté. L’instruction se poursuit, précise le parquet de Paris.

Solenn Guillanton avec Lucile Pascanet