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Police-Justice

Dieudonné est traqué comme un terroriste depuis plus d'un an

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L'humoriste controversé Dieudonné, placé en garde à vue mercredi, sera jugé en correctionnelle pour "apologie du terrorisme", après avoir écrit sur Facebook qu'il se sentait "Charlie Coulibaly", en référence à l'un des auteurs des attentats meurtriers de Paris. Son avocat, Me Sanjay Mirabeau, était l'invité de Jean-Jacques Bourdin ce jeudi pour évoquer cette affaire.

La justice se montre intransigeante. Des peines de prison ferme ont déjà été prononcées et depuis l'attentat contre Charlie Hebdo la semaine dernière, 54 procédures ont été ouvertes pour délit d'apologie du terrorisme et pour "menaces d'actions terroristes". C'est pour ce même délit que l'humoriste controversé Dieudonné a été placé en garde à vue ce mercredi après avoir écrit sur Facebook qu'il se sentait "Charlie Coulibaly". Il sera jugé en correctionnelle le 4 février.

"Condamner avec lucidité"

Invité de Jean-Jacques Bourdin sur RMC ce jeudi, Me Sanjay Mirabeau, son avocat, estime que toute cette histoire est due "aux circonstances tout à fait exceptionnelles" traversées par le pays. "On a eu une circulaire, des mesures qui chercher à enrayer, à viser, à éteindre, à détruire des propos qui viennent entretenir la haine mais maintenant il s'agit de condamner avec lucidité".

Dieudonné regrette-t-il son message? "Il a dit très clairement qu'il regrettait si ses propos avaient été mal interprétés. D'ailleurs ce message a été rapidement retiré ce qui n'est pas habituel car quand il veut provoquer il le laisse et assume jusqu'au bout", assure le conseil de l'humoriste. Et d'ajouter: "Ce message ce n'est même pas de l'humour mais plus l'état d'esprit d'un humoriste qui partage les valeurs d'un journal frappé de plein fouet par un attentat. Mais qui est traqué comme un terroriste depuis plus d'un an".

"Il partage les valeurs de Charlie"

Pour Me Mirabeau, "Dieudonné ne cherche pas à détourner le symbole qui a été scandé dans les rues. Non, il dit, avec ce message, qu'il partage les valeurs de Charlie mais qu'il se sent traité comme un Coulibaly. Il utilise les deux mots comme un symbole, comme un synonyme soit de la liberté, soit du terrorisme".

Si certains comparent la satire de Charlie Hebdo et les propos de Dieudonné, son avocat rappelle que "juridiquement parlant ce n'est pas la même chose. Charlie Hebdo c'est de la caricature vu que ce sont des dessins. Pour Dieudonné, ce sont des propos donc on est dans la parodie ou le pastiche. Il faut donc bien différencier. Cependant, on est dans les limites de la liberté d'expression au nom de l'humour dans les deux cas. En effet, dans l'histoire de Charlie Hebdo et d'Hara-Kiri, il y a eu un changement de nom à cause d'une condamnation. Comme Dieudonné pour l'un de ses spectacles".

"On frise la folie"

Alors que de premières condamnations pour "apologie de terrorisme" ont été décidées par la justice, Me Mirabeau juge que ces sanctions "frisent la folie". Il s'explique: "On a des peines qui vont de dix mois à quatre ans de prison pour des personnes qui parlent, qui disent des mots ! On ne sait déjà pas où mettre des jihadistes et là on va apporter de nouvelles personnes condamnées pour des délits de presse. Mais où va-t-on les mettre en prison?"

Et de conclure: "Dieudonné a eu conscience de n'avoir fait rire personne. Mais ce n'est même plus une question de bon goût, de rire ou de liberté d'expression, c'est une question d'apaisement. C'est ce qu'il demande comme le prouve le retrait du message".


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Maxime Ricard avec Jean-Jacques Bourdin