DSK pas seulement innocent, mais victime !

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Hélas, il faut commencer par dire que DSK a été victime de lui-même, de son comportement privé qui, au moins ce fameux 14 mai, l’a placé dans une situation compromettante – il s’est piégé lui-même. Mais on peut dire aujourd’hui que DSK a aussi été victime des mensonges de son accusatrice, qui a dit sous serment qu’il l’avait violée en donnant des détails qui sont nettement démentis par l’enquête. Enfin, DSK a aussi été victime de la violence de la justice américaine, qui est une machine impitoyable, même (ou plutôt surtout) avec les puissants. Même si la justice américaine l’a finalement exonéré, le traitement qu’il a subi, l’infamie qui lui a été infligée, ne peut pas ne pas laisser de traces.
Le procureur a effectivement dit que Nafissatou Diallo a trop menti pour être crédible devant un jury. Est-ce qu’on a raison de dire que ça ne prouve pas qu’il n’y a pas eu de viol ?
C’est un commentaire qu’on entend beaucoup mais il est profondément faux – et assez révoltant. Dans tous les systèmes judiciaires, l’accusé ne peut pas être condamné sur la seule parole de celui qui l’accuse – et c’est à la justice d’établir qu’il y a eu crime, non à l’accusé de prouver qu’il n’y en a pas eu. Ce n’est pas seulement parce que Mme Diallo a menti que les charges contre DSK ont été abandonnées – même si elle a, en effet, menti sur les circonstances et la chronologie de sa prétendue agression. C’est parce qu’il n’existait aucun élément probant pour établir le viol – le procureur le dit très clairement. Donc DSK n’a pas obtenu un non-lieu au bénéfice du doute. La justice a renoncé à le poursuivre faute d’élément : ce n’est pas du tout la même chose.
Mais les associations féministes protestent ; elles redoutent que la décision américaine n’aboutissent à déconsidérer la parole des femmes dans les affaires de viol.
Aucune cause, si respectable soit elle, n’exige qu’on condamne quelqu’un qui n’est pas coupable. Ce n’est pas la parole de toutes les victimes du monde qui est déconsidérée, c’est celle de Nafissatou Diallo. Le procureur dit qu’il a échoué à trouver le moindre élément accréditant sa version. Et je ne crois pas qu’on puisse le soupçonner de n’avoir pas tout tenté pour faire condamner DSK… Mais des viols, dans cette affaire, il y en a eu : la présomption d’innocence de DSK a été violée, sa dignité, et aussi son intimité et celle de sa famille. Tout ce qui a été raconté depuis son arrestation : sur ses relations privées, extraconjugales ou non, sur ses rapports avec les femmes (vrais ou faux), n’était justifié que par l’existence de cette procédure à New York. Or cette procédure avait pour seul fondement les accusations d’une femme qui est aujourd’hui reconnue comme une menteuse. Quoi qu’on pense de DSK, il n’a pas mérité cela. En définitive, rien de tout cela n’était légitime.
DSK a dit qu’il était impatient de rentrer France. Est-ce qu’il a encore un avenir politique ?
Pas immédiat, en tout cas. Il faudra du temps – non pas pour oublier, personne n’oubliera, mais pour apaiser le choc. A supposer qu’il ait envie d’une nouvelle vie publique, sa relation avec les Français s’est sans doute abimée. Avant l’affaire, il était vu comme rassurant, grâce à sa compétence et à son prestige international. Maintenant, il va lui rester au mieux l’image d’un homme fragile, à la merci d’un écart. Et toujours menacé par d’autres plaintes, d’autres accusations. Même innocenté, il va encore rester suspect. Et peut-être encore victime.
Ecoutez ci-dessous "Parti pris" de ce mercredi 24 Août 2011 avec Hervé Gattégno et Jean-Jacques Bourdin :