Eagles of Death Metal en concert à Paris: "Un pas énorme de fait, le début d'une guérison…"

Les Eagles of Death Metal en concert hier à Paris - JOEL SAGET / AFP
Les Eagles of Death Metal ont fait leur retour ce mardi soir à Paris, sur la scène de l'Olympia, trois mois presque jour pour jour après l'attaque du Bataclan. Un concert placé sous haute sécurité, mais aussi chargé d'émotion pour le groupe et ses fans. Arrivés peu après 21h, les rockers californiens ont été accueillis par une immense ovation du public qui comptait de nombreux rescapés de l'attentat: 2.500 personnes au total dont 900 rescapés.
"C'était indescriptible"
Des rescapés qui voulaient, eux aussi, finir ce concert du 13 novembre. "Franchement, ça fait vraiment du bien, confie sur RMC Estelle, sortie indemne du Bataclan. C'est une page qui se tourne même si tout n'est pas encore comblé. Ça fait vraiment du bien. Au corps et à l'esprit…" Pour tourner cette page si douloureuse de leur carrière, les Eagles of Death Metal ont choisi de faire un show survolté, de rester un groupe rock déchaîné.
Et pour rendre hommage à Paris et à ses victimes, le groupe a débuté son concert avec le titre "Il est 5h, Paris s'éveille" de Jacques Dutronc. Paris s'éveille, tout un symbole... Sur scène Jesse Hughes, le charismatique chanteur, semble à cet instant regarder dans les yeux chaque spectateur, chaque rescapé comme Marc, encore très ému. "On était connectés avec le groupe, c'était indescriptible", dit-il, les larmes aux yeux.
"Cela permet d'avancer"
Et de s'adresser au groupe, en pleurs: "Merci. Du fond du cœur, merci…" "C'était un super concert, très fort, garantit Nathalie. Les trois derniers mois ont été très difficiles. J'y pense tous les jours. Et là d'avoir revu des victimes, de s'être serrés dans les bras, c'était très beau. Cela permet d'avancer… C'est un pas énorme de fait, le début d'une guérison…"
Parmi les rescapés ce mardi soir, beaucoup portent encore les traces de leurs blessures: des plâtres, des pansements... certains sont même venus en fauteuil roulant. Et puis il y a les blessures psychologiques, invisibles, que ce concert ne pourra pas effacer. Audrey, Edith et Cyril le savent bien. "On a deux potes qui ont pris des balles dans les jambes. On a des amis morts… On est sous antidépresseurs, sous anxiolytiques…", témoigne la première.
"Pas de mots pour ça"
"On est vivants, vivants ! Et ça s'est complètement dingue comparé à ce qui s'est passé, assure, très émue, son amie. On a rampé sur des cadavres… On est vivants quoi ! Et aujourd'hui on finit ce p… de concert… Il n'y a pas de mots pour ça". Ce groupe d'amis n'a pas tous assisté à la totalité du concert. Souvent, comme d'autres rescapés, ils ont quitté la salle pour se réfugier dans le hall. Un hall où la trentaine de psychologues présents a pris en charge des dizaines de personnes en pleurs ou paralysés par l'angoisse.
"Quelques coups de batterie lors de la première partie ont rappelé les détonations, souffle Jeff. Quand je baissais le regard, je tombais sur la fosse et cela m'a forcément rappelé les personnes qui y sont restées…" Et d'ajouter: "J'ai regardé les issues de secours, le plan d'évacuation de la salle… Et ça sera comme ça sur la plupart des prochains événements mais au moins ce premier pas est fait…"