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Police-Justice

Face aux violences, des maires de plus en plus séduits par un couvre-feu pour les mineurs

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Après Béziers et Pointe-à-Pitre, c'est Nice qui va mettre en place un couvre-feu pour les moins de 13 ans, à partir du 1er mai. Et l'idée fait son chemin aussi en région parisienne, comme le reconnaissent certains maires.

Pointe-à-Pitre, Béziers, peut-être Nice et Perpignan... Des maires envisagent d'instaurer un couvre-feu pour les mineurs. À Béziers, Robert Ménard a pris un arrêté municipal qui interdit aux jeunes de moins de 13 ans, dans certains quartiers jugés sensibles, de sortir après 23h sans être accompagnés d'une personne majeure. Une mesure applicable depuis lundi et jusqu'au 30 septembre.

À Nice, un arrêté semblable va concerner les moins de 13 ans dans toute la ville dès le 1er mai. Ces annonces interviennent au moment où la question de la violence des jeunes occupe le terrain politique, après plusieurs drames à Viry-Châtillon, Grande-Synthe ou encore Montpellier.

S’il s'est déjà interrogé après les émeutes, l'an dernier, le maire de Villeneuve-le-Roi (Val-de-Marne) pourrait bientôt sauter le pas d’un couvre-feu pour les moins de 13 ans dans certains quartiers touchés par le trafic de stupéfiants.

“Ça vient épauler une parole parentale un peu défaillante. À ne rien faire, on se retrouve avec ces jeunes qui se font embarquer dans des entreprises qui après les conduisent devant le juge”, estime Didier Gonzales.

Mise en garde de la Ligue des droits de l'Homme

Une mesure symbolique, mais encore faut-il des moyens pour la faire respecter, souligne le maire d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) Bruno Beschizza, qui insiste sur un manque d'effectifs de police. “Ça ne me causerait aucun problème philosophique de prendre ce genre d’arrêté, mais si vous menacez et que vous n'avez pas les moyens de sanctionner, vous décrédibilisez la parole publique encore plus”, appuie-t-il.

Il ne faut pas banaliser la coercition, martèle de son côté la Ligue des droits de l'Homme, par la voix de son président Patrick Baudouin.

“Ce sont des mesures qui doivent être absolument exceptionnelles et non pas des mesures qui nous entraînent dans un pays dans lequel on ne cesse d'aller dans des répressions et non pas sur la formation”, assure-t-il.

L'association annonce qu'elle se penchera sur chaque arrêté et devrait en contester certains devant la juridiction administrative.

Marion Gauthier avec Guillaume Descours