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15 ans de la tempête Xynthia: "J'ai l'impression que si je pars, je les abandonne"

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Les Vendéens commémorent les 15 ans de la tempête Xynthia, qui avait balayé le littoral atlantique dont celui de La Faute-sur-Mer et provoqué la mort de 47 personnes. Élisabeth, qui a perdu son mari et son petit-fils, se confie auprès de RMC.

La Faute-sur-Mer (qui a fusionné avec L'Aiguillon-sur-Mer en 2022 pour devenir L'Aiguillon-la-Presqu'île) commémore ce dimanche à 11h les 15 ans de la tempête Xynthia, qui avait provoqué la mort de 47 personnes dans la nuit du 27 au 28 février 2010 dont 29 dans la commune. Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, conseiller général de la Vendée à l'époque, sera présent.

"La page n'est pas tournée et elle ne se tournera jamais, c'est l'objet de ces commémorations", fait savoir sur RMC le maire de L'Aiguillon-la-Presqu'île, Laurent Huger.

Élisabeth a deux vies, celle d’avant, et celle d’après après avoir perdu son mari et son petit fils. "15 ans... Je réalise que cela fait beaucoup. Mon mari s'appelait Françis, mon petit-fils Raphaël. J'ai des photos dans la cuisine, dans la chambre... Ils vivent avec moi. Je suis incapable de partir plus de huit jours de chez moi, j'ai l'impression que si je pars, je les abandonne", confie-elle au micro de RMC, émue.

"Le bénévolat m'a aidée, ça me permet d'élargir mon horizon"

Comme elle, d'autres proches de victimes se retrouvent chaque année pour commémorer le drame. "On est content de se voir, on échange entre nous et je crois, qu'après, on peut repartir sur une autre année", partage Élisabeth.

Une autre année, une autre vie dans laquelle elle va de l'avant en donnant de son temps aux autres. "Je suis responsable avec une collègue d'une épicerie sociale. Le béénvolat m'a aidée, ça me permet d'éclaircir mon horizon et de me dire que je ne suis pas la malheureuse sur Terre".

"On a déconstruit pour rendre des territoires entiers à la nature de façon à ne plus exposer les populations", explique au micro d'Anaïs Matin le maire de L'Aiguillon-la-Presqu'île, Laurent Huger.

Ne pas oublier, c'est aussi ce que souhaite la mairie de La Faute-sur-Mer, qui veut désormais anticiper de futures tempêtes. "On va bientôt démarrer la délocalisation de la caserne des pompiers dans des espaces beaucoup plus sécurisés", expose à RMC Jean-François Etienne, directeur général des services de la commune.

Il développe également l'idée, "au fil des générations, de déplacer les populations à l'intérieur des terres, dans des zones moins exposées". Les digues ont déjà été surélevées et l’ancien quartier d’Élisabeth lui, a été rasé et transformé en golf.

"Lotissement de la honte, de la mort"

29 personnes sont mortes, prises au piège de la tempête dans un quartier situé en contrebas de digues qui n'ont pas suffit à la contenir. "Le lotissement de la peur, de la honte, de la mort", énumère à l'AFP Laurent Roblet, pêcheur retraité de 60 ans qui fut l'un des premiers à découvrir l'ampleur des dégâts à l'aube du 28 février.

"Des plans de prévention des risques existaient auparavant, mais l'électrochoc Xynthia a rebalayé les cartes au niveau national", affirme auprès de l'AFP Marc Robin, responsable scientifique de l'Observatoire régional des risques côtiers des Pays de la Loire. 

Autre "prise de conscience" selon lui: l'adaptation nécessaire de la doctrine au changement climatique. "Cette tempête n'était pas si exceptionnelle en terme de force mais elle a été concomitante à la marée haute. On s'est dit: si les dégâts sont tels, qu'en sera-t-il avec l'augmentation du niveau de la mer?"

Les sirènes vont retentir

"Pour nous, c'est une date et un moment très important parce qu'on ne veut pas qu'ils soient oubliés. On les porte chaque jour dans notre coeur, là on peut le montrer, on le partage avec tout le monde, il y a une reconnaissance", explique à RMC Mireille Guillet, présidente de l’association des victimes de La Faute-sur-Mer et qui a perdu sa mère dans la catastrophe.

"Les sirènes de L'Aiguillon-sur-Mer et La Faute-sur-Mer vont résonner simultanément au même instant, pour nous, c'est un symbole très fort", dit-elle.

Martin Cadoret et Léo Manson