Accident sur le Mont-Blanc du Tacul: "Ce sont des consommateurs de montagne, c’est dangereux"

Drame dans le massif du Mont-Blanc. Un homme de 56 ans, originaire de Perpignan, est mort après une chute de sérac (un bloc de glace) sur le Mont-Blanc du Tacul, dans la nuit de dimanche à lundi. Deux Allemands sont portés disparus. "Les recherches vont reprendre, explique ce mardi matin sur RMC Jean-Marc Peillex, maire de Saint-Gervais-les-Bains (Haute Savoie). Mais on est dans la montagne, sous une barrière de sérac. Et un autre sérac peut se détacher. Les secours peuvent aussi être mis en danger. C’est pour ça que ces sauvetages sont compliqués."
Pour l’élu de cette commune alpine, le risque est bien connu sur cet itinéraire. "Un sérac, c’est un immense bloc de glace qui avance vers la vallée. Quand il y a une rupture de pente, des blocs de glace vont se détacher. Il y en a toute l’année, sur tous les glaciers du monde. Il ne faut pas être dessous à ce moment-là. C’est la théorie de l’instant t. C’est malheureusement ce qu’il s’est passé. Ce n’est pas la première fois sur cet itinéraire qu’il y a des chutes de sérac", souligne Jean-Marc Peillex.
"Ce n’est pas dû au réchauffement climatique, assure le maire de Saint-Gervais-les-Bains. C’est dû à la vie du glacier. Ça relève du CM1-CM2: c’est le poids qui fait qu’il y a un bloc de glace qui se casse et qui tombe. A la limite, on pourrait dire que le réchauffement a pour effet de diminuer l’importance du bloc. Donc c’est complètement à l’envers comme raisonnement. Il faut arrêter de tout mettre avec le réchauffement climatique. C’est la vie d’un glacier. Malheureusement, l’itinéraire chamoniard passe sous ces barrières de sérac. Il y a eu beaucoup d’accidents à Chamonix ou sur d’autres glaciers dus à des chutes de sérac."
"Le problème aujourd’hui, c’est l’urbanisation de la montagne"
Pour Jean-Marc Peillex, il faudrait limiter ce type d’expédition. "C’est triste, c’est terrible, mais malheureusement, c’est la nature, c’est comme ça que vit un glacier. Il faut aussi que les gens arrêtent de considérer qu’un glacier, c’est quelque chose qui est figé, qui est en béton et qui ne bouge pas, souligne-t-il. Aujourd’hui, avec le réchauffement climatique, on pourrait dire qu’il faut être raisonnable et ne plus faire ce type de course. Il y a plein d’autres courses beaucoup moins dangereuses avec les guides de Chamonix ou des autres stations que d’aller vouloir vraiment faire cette course. Ce n’est pas le moment."
Et il estime que les accès à la haute montagne devraient être plus encadrés. "Le problème aujourd’hui, et on le voit bien au travers de ce drame, c’est l’urbanisation de la montagne, explique le maire de Saint-Gervais-les-Bains. Elle est maintenant gravie par des gens qui n’en connaissent pas les codes et qui décident de faire le Mont-Blanc le 4 août, quoi qu’il en coûte. C’est ça qui est terrible. Il n’y a plus d’alpinistes réellement. Il y en a encore quelques-uns mais malheureusement, la majorité des alpinistes sont des consommateurs de montagne, comme ils consomment du marathon de Paris, du trail… C’est ça qui est dangereux. On met dans la montagne des gens qui sont de bonne foi, il n’y a pas de souci, mais qui n’en connaissent pas les codes. C’est pour ça qu’il faut réglementer, réguler. Autrement, on met la vie des gens en danger."