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Faits divers

Affaire Raymond Mis et Gabriel Thiennot: la Cour de révision saisie, 73 ans après les condamnations

Raymond Mis (g) et Gabriel Thiennot (d), le 14 juin 1988, près de l'étang de Brenne où fut retrouvé le corps du garde-chasse Boistard en 1946 pour l'assassinat duquel ils furent à l'époque inculpés et condamnés

Raymond Mis (g) et Gabriel Thiennot (d), le 14 juin 1988, près de l'étang de Brenne où fut retrouvé le corps du garde-chasse Boistard en 1946 pour l'assassinat duquel ils furent à l'époque inculpés et condamnés - FRANK PERRY / AFP

Raymond Mis et Gabriel Thiennot, condamnés en 1950 pour le meurtre d’un garde-chasse dans l’Indre, n’ont jamais cessé de clamer leur innocence. Soixante-treize ans après les condamnations, la Cour de révision a été saisie.

La commission d'instruction a décidé jeudi de renvoyer vers la Cour de révision le dossier Raymond Mis et Gabriel Thiennot, 73 ans après la condamnation de ces deux hommes pour le meurtre d'un garde-chasse en 1946, ont annoncé les avocats des familles des deux hommes, décédés respectivement en 2009 et 2003.

"La commission nous a donné satisfaction sur l'ensemble de nos demandes et a donc saisi la Cour de révision", s'est félicité un des avocats des familles, Me Jean-Pierre Mignard.

"C'est bon !", s'est exclamé en larmes Thierry Thiennot, l'un des fils de Gabriel, ajoutant: "On n'est plus qu'à une marche de la victoire". C'est la septième fois qu'une requête en révision était déposée dans ce dossier.

Des aveux obtenus sous la torture

En juillet 1950, Raymond Mis et Gabriel Thiennot avaient été condamnés à quinze ans de travaux forcés pour le meurtre d'un garde-chasse dans l'Indre, fin 1946. Âgés de 21 et 20 ans au moment des faits, ils étaient passés aux aveux avant de se rétracter.

Les avocats des familles soutenaient que leurs aveux avaient été obtenus sous la torture. La loi "pour la confiance dans l'institution judiciaire", votée en 2021, incluait un amendement permettant d'annuler des aveux recueillis "à la suite de violences exercées par les enquêteurs".

La Cour de révision se réunira à une date qui reste à préciser.

"M. Mis et ses conseils ainsi que la famille Thiennot ont obtenu sur ce point complète satisfaction", a indiqué Me Mignard. Pour la première fois, a-t-il souligné, la commission "partage notre point de vue et le même regard sur cette longue affaire sans faire de distinction entre les deux" condamnés.

Graciés en 1954

Lors de l'audience, en juin 2022, l'avocat général avait estimé que si des preuves de torture existaient pour Raymond Mis, elles n'étaient pas flagrantes pour Gabriel Thiennot.

Les deux hommes ont été graciés en 1954 par le président René Coty, mais cette grâce ne vaut pas annulation de leur condamnation.

Dans un long combat contre une "erreur judiciaire", poursuivi à leur mort par leurs proches, six précédentes demandes en révision ont été déposées depuis 1980, et toutes rejetées, la dernière en 2015.

CA avec AFP