RMC
Faits divers

Affaire Théo: "Il a les symptômes et les préjudices d'une personne violée" assure son avocat

placeholder video
Trois policiers impliqués dans le violent contrôle de Théo Luhanka, en 2017 à Aulnay-sous-Bois, sont jugés à partir de ce mardi devant la cour d'assises de Seine-Saint-Denis. L'un d'eux est accusé d'être l'auteur du coup de matraque à l'origine de l'infirmité permanente du jeune de 22 ans à l'époque des faits. Aujourd'hui, Théo Luhaka présente tous les symptômes d'une victime de viol selon son avocat.

Le procès de trois policiers s'ouvre ce mardi devant la cour d'assises de Seine-Saint-Denis, presque sept ans après l'interpellation violente de Théo Luhaka à Aulnay-sois-Bois, aujourd'hui handicapé à vie.

Le 2 février 2017, lors d'un contrôle de police dans la cité des 3000 à Aulnay-sous-Bois, Théo Luhaka, alors âgé de 22 ans, avait reçu un violent coup de matraque télescopique au niveau de l'anus de la part d'un fonctionnaire. Interpellé et emmené au commissariat pour être placé en garde à vue, il avait finalement été hospitalisé et opéré en urgence pour traiter une perforation rectale.

"Il y a eu une série de violences et d'humiliation, des coups, des baffes. Et sept ans plus tard, Théo ne s'en est toujours pas remis", explique Antoine Vey, son avocat, dans Apolline Matin ce mardi sur RMC et RMC Story . "Il a le sentiment de s'être fait violer, il a tous les symptômes et les préjudices d'une personne qui s'est fait violer, même si ce n'est pas la qualification retenue", ajoute le conseil.

Aujourd'hui, Théo Luhaka est porteur d'un handicap à vie selon un expert médical. Un handicap consécutif aux blessures infligées le 9 février 2017 et la déchirure de son sphincter sur 10 centimètres.

Marc-Antoine C, le policier jugé pour ses violences et considéré comme étant l'auteur du coup, regrette et assure à RMC qu'il n'avait pas d'autres moyens pour défendre son collègue.

Témoin RMC : Me Antoine Vey - 09/01
Témoin RMC : Me Antoine Vey - 09/01
5:56

"La justice a du mal à sanctionner la police"

Pour l'avocat de Théo Luhaka, il ne faut cependant "pas résumer le problème à ce coup de matraque".

"C'était une scène de violences continues. Même après ce coup de matraque, Théo, qui était menotté, a encore reçu des coups, a été emmené au commissariat de police avant qu'un gradé ait la bonne idée de l'amener à l'hôpital", rappelle Antoine Vey.

"C'est un procès compliqué", reconnaît le conseil, qui rappelle qu'il s'agit du procès de trois policiers et ne veut pas en faire "celui de la police française". D'autant plus que "la justice a du mal à sanctionner la police car ils travaillent ensemble", poursuit Antoine Vey.

10 ans de prison et 150.000 euros d'amende encourus

"Les gens qui ont de tels comportements ne peuvent pas être policiers. On ne peut pas porter l'uniforme et ne pas savoir faire respecter l'ordre", déplore l'avocat alors que les trois policiers sont en toujours en fonction, même si le principal accusé est désormais cantonné à des tâches administratives.

"C'est le poids symbolique de ce dossier. Si la justice ne dit pas que de tels comportements ne sont pas acceptables, quelle confiance vont avoir les citoyens dans la police?", s'interroge-t-il.

Pour l'avocat, le contrôle subi par Théo Luhaka est "celui que chacun pourrait subir". "Il n'y a pas de faits qui excluraient Théo du reste des citoyens", ajoute Antoine Vey.

Le procès doit durer neuf jours. Le principal accusé, Marc-Antoine C, 34 ans, est poursuivi pour violences volontaires ayant entraîné "une mutilation ou infirmité permanente", avec les circonstances aggravantes de sa qualité de personne dépositaire de l'autorité publique, avec arme et en réunion. Il encourt dix ans d'emprisonnement et 150.000 euros d'amende.

G.D.