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Agression d’un policier à Tourcoing: pourquoi les deux suspects ont été remis en liberté

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Deux adolescents placés en détention provisoire après l'agression la semaine dernière d'un policier à Tourcoing (Nord) ont été libérés mercredi, une décision critiquée par les ministres démissionnaires Gérald Darmanin et Bruno Retailleau et des syndicats policiers.

Huit jours après l’agression d’un policier à Tourcoing, les deux frères soupçonnés d’avoir passé à tabac le fonctionnaire ont été libérés sous contrôle judiciaire strict mercredi 17 septembre. La nouvelle n’a pas manqué de faire réagir le syndicat policier Alliance ainsi que le Garde des Sceaux Gérald Darmanin. Mais quelles sont les mesures qui ont été prises à l’égard de ces deux suspects et pourquoi?

Des casiers vierges

Le juge des libertés et de la détention ne les a pas juste libérés et lâchés dans la nature. S’il a décidé de les placer sous contrôle judiciaire, c’est notamment parce que ces deux jeunes suspects n’ont jamais eu affaire à la justice. Leur casier judiciaire est vierge et la détention provisoire pour les mineurs reste en France une mesure exceptionnelle.

Et pourtant selon Aurélien Martini, secrétaire général adjoint de l'Union Syndicale des Magistrats, s’il juge légitime qu’on s’interroge, il explique que cette remise en liberté est “normale”.

“Ce déchaînement de violences sur des policiers est inacceptable. Mais derrière l’émotion, il faut qu’on réfléchisse un petit peu. Les questions qu’on doit se poser, c’est pourquoi cette décision est intervenue? Et au fond ça pose des questions sur les conditions du placement en détention provisoire. Il va falloir savoir notamment si le trouble à l’ordre public est un critère pour placer en détention”, indique-t-il.
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Or la loi est claire: “Si on était sur une qualification criminelle, le critère de l’ordre public pouvait les faire garder en détention provisoire. Or, nous sommes en matière délictuelle et pas criminelle et donc ce critère n’est pas possible,” explique-t-il.

Le magistrat leur a toutefois imposé des conditions strictes de contrôle judiciaire, à savoir, pour le suspect majeur, de ne pas paraître à Tourcoing ni même dans le département et de pointer au commissariat ou à la gendarmerie une fois par semaine. Et pour celui de 17 ans, une interdiction de paraitre à Tourcoing et un placement dans un centre éducatif renforcé. Néanmoins, le parquet de Lille a décidé de faire appel de la décision pour le suspect de 19 ans. Son cas sera prochainement réexaminé pour savoir s’il doit être placé en détention provisoire.

Constance Bostoen