Agression de Kenzo lors d’Ajaccio-OM: le récit de son voyage et de son déplacement au stade
Une fête devenue cauchemar... De graves violences ont perturbé la rencontre Ajaccio-OM ce samedi (38e journée de Ligue 1). Parmi elles, l’agression d’un enfant de 8 ans, Kenzo, atteint d’un cancer du cerveau, et de son papa. La famille au complet, avec la mère et leur second enfant de 5 ans, avait été invitée en loge et a été prise à partie par une bande de supporters corses parce que Kenzo portait le maillot de l’OM. Le club corse a dénoncé des "actes inqualifiables" et promis de porter plainte "dès que les individus auront été identifiés". La famille a quant à elle déposé plainte et le procureur d'Ajaccio a ouvert une enquête pour violences en réunion. Kenzo et ses proches sont rentrés chez eux ce dimanche soir mais se souviendront longtemps de ce déplacement qu’il voyait comme une fête pour leur fils.
"Kenzo pensait que c’était des Marseillais, comme nous, raconte sa maman, Sévérine. Il leur faisait coucou, il leur montrait le maillot, trop content. Du coup, ils sont rentrés dans la loge, ils ont poussé Kenzo qui s’est tapé la tête contre une barre en fer. Ils ont mis deux coups de poing dans la tête à son papa. Ils ont brûlé le maillot et ils ont dit ‘on vous a brûlés, fils de p…’. On n’en revient toujours pas. Dès qu’on ouvrait la porte de la loge, il se cachait derrière le frigo, il pleurait. Il était traumatisé, en grand état de choc. Les pompiers sont restés un moment avec lui."
"Quand il est arrivé à Ajaccio, il était habillé en OM de la tête aux pieds"
Kenzo et sa famille étaient arrivés en Corse la veille. Présidente du Rotary Club d'Ajaccio, Sandra Peraldi est à l’origine de ce voyage. "Kenzo est un enfant gravement malade, atteint d’un cancer du cerveau avec des métastases sur la moelle osseuse. Son rêve, sa vie, c’est l’OM. Et le foot en général. Il y a un mois, il est venu en vacances en Corse, grâce à l’association Les coccinelles rouges. J’ai fait le relais à Ajaccio", raconte-t-elle dans "Apolline Matin" ce lundi sur RMC et RMC Story. Le vendredi soir, des incidents ont éclaté dans la ville avec des supporters marseillais. Des arrêtés préfectoraux et municipaux ont été pris pour interdire la vue de fans de l’OM.
"Quand il est arrivé à Ajaccio, le vendredi matin, il était habillé en OM de la tête aux pieds, en bon Marseillais, explique Sandra Peraldi. Quand il y a eu des bagarres à Ajaccio, que le maire a voulu interdire ce match, j’ai dit que Kenzo et son petit frère ne pourraient pas aller au stade habillés en OM de la tête aux pieds, ni dans Ajaccio. Ils ont été reçus au match, je leur ai donné des vêtements pour qu’ils se changent. Surtout, Kenzo n’avait pas le droit d’aller avec les supporters marseillais, un ordre de son oncologue. Il a une tumeur au cerveau, donc s’il prend un coup sur la tête… Kenzo n’avait jamais pris l’avion jusqu’à il y a un mois, quand il est venu chez nous. Il a été accueilli au stade par les joueurs, par tout le monde, quand il a assisté à un match de l’ACA il y a un mois. Cela s’était très bien passé. "
Mais ce samedi soir, quand Kenzo a été aperçu en loge avec son maillot, les choses ont dégénéré. "J’ai la chance d’être proche de la présidente d’Air Corsica, qui a mis à disposition la loge pour sa famille, indique la présidente du Rotary Club. On s’est dit: ‘Au moins, en loge, vous serez en sécurité’. On ne pensait pas qu’il serait agressé. On n’imaginait pas un seul instant ce qui allait se passer, sinon on ne serait pas allé au stade. Ils sont en loge et moi, je les ai sur Facetime parce que je suis sur Marseille. Il est tout content, il est torse nu sur le balcon, il n’a pas le maillot du tout au départ. Il m’appelle et me dit: ‘Je suis dans la loge, est-ce que tu crois que je peux mettre mon maillot deux minutes?’. J’ai dit: ‘Ecoute, Kenzo, on te l’a dit, ce n’est pas très raisonnable de mettre ton maillot’. Mais qu’est-ce que je vais lui dire ? Non ? Tu as 8 ans, tu es malade, ta vie c’est l’OM mais non, tu ne peux pas mettre ton maillot… Non, je ne peux pas lui dire."
"C’est la règle à Ajaccio, pas de maillot"
"Les supporters ne sont pas montés dans la loge pour frapper Kenzo, il ne faut pas exagérer, ajoute Sandra Peraldi. Ils ont vu son papa. Comme il est malvoyant, son papa l’a pris aux bras pour qu’il voit les joueurs de l’OM rentrer sur le stade. Je lui ai dit: ‘Tu mets ton maillot et quand les joueurs sont rentrés, tu l’enlèves’. Ce n’est pas la peine d’aller chercher les histoires. C’est la règle à Ajaccio, pas de maillot." Le père de Kenzo est alors frappé. Et le maillot de Kenzo est brûlé. "On voudrait vraiment que les personnes qui se sont introduites dans la loge soient sévèrement punies, souligne Laurent. Je ne sais pas s’ils arrivent à réaliser, presque 24 heures après, mais ils ont fait une sacrée connerie. C’est du n’importe quoi. Je n’ai pas compris."
"Ce n’est pas qu’Ajaccio, assure de son côté la présidente du Rotary Club d'Ajaccio. Les Marseillais ne sont pas en reste non plus. Ce n’est pas Ajaccio, ce sont quelques imbéciles. Je rejoins Alain Orsoni, le président du club, quand il dit qu’il ne faut pas en rajouter. Des imbéciles ont fait cet acte ridicule, qui est vraiment à l’encontre des valeurs du sport, de la Corse. Après, on ne stigmatise par tout le monde. Parce que les enfants ont été reçus comme des rois il y a un mois, au stade de l’ACA. Là, je crois que la ferveur, c’était l’OM." Après son retour à l’aéroport de Marignane ce dimanche, Kenzo va devoir passer des examens rapidement pour voir si le choc qu’il a subi n’a pas causé de dommages cérébraux.