Attaque à Paris: "Les sortants de prison, un enjeu majeur" avec 480 condamnés déjà libérés

Il avait déjà été condamné à cinq ans de prison, dont un an avec sursis. Armand Rajabpour-Miyandoab, l’auteur de l’attaque au couteau qui a fait un mort et deux blessés samedi soir à Paris, était connu pour sa radicalisation depuis son interpellation en 2016 par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) pour un projet d'action violente à La Défense. Deux ans plus tard, à son procès, "il a tenté de dissimuler son engagement et a prétendu qu’il s’était auto-déradicalisé", souligne Jean-Charles Brisard, président du Centre d'analyse du terrorisme, dans Apolline Matin ce lundi sur RMC et RMC Story.
"Il a leurré une première fois les enquêteurs lorsqu’il a été interpellé en juillet 2016 pour un projet d’attentat au couteau à La Défense, en indiquant qu’il avait renoncé à cet engagement radical et que soudainement, il s’était auto-déradicalisé. C’était faux, ça a été démontré. Et il les a leurrés une deuxième fois en 2020, juste après l’assassinat de Samuel Paty, lorsqu’il a indiqué qu’il était rentré dans le droit chemin et qu’il avait rejeté la religion", ajoute-t-il.
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"Plusieurs dizaines sont libérables chaque année"
Ces sortants de prison, c’est un "enjeu majeur" de la lutte contre le terrorisme, selon Jean-Charles Brisard. C’est le premier attentat commis en France, abouti, qui est perpétré par un sortant de prison. On savait que c’était un enjeu majeur, les sortants. Ils font l’objet d’un suivi judiciaire et administratif, de la part des services de renseignements. En l’occurrence, cet individu dissimulait ses intentions. C’est très compliqué pour un service de renseignements qui réévalue régulièrement la situation d’un individu, en fonction essentiellement des interceptions téléphoniques, électroniques, et des balisages. Mais s’il ne montre pas de signe évident, apparent, de sa volonté de passage à l’acte, on ne peut pas judiciariser sa situation."
Et ils sont déjà nombreux à ne plus être derrière les barreaux. "Il y a 480 sortants, des personnes condamnées pour terrorisme qui ont déjà été libérées, indique le président du CAT. Et 400 sont encore en détention. Plusieurs dizaines sont libérables chaque année. Mais il n’y a pas que l’enjeu des sortants. Compte-tenu de la menace endogène aujourd’hui, il y a l’enjeu des individus qui ne sont pas encore détectés par les services de renseignements. C’est un double enjeu qui se pose à nous en termes de menace terroriste."