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Attentat du quartier de l'Opéra: l'ami de l'assaillant condamné à 10 ans de réclusion criminelle

À gauche: des hommages floraux ornent un arbre sur un trottoir à Paris le 16 mai 2018, à proximité du lieu d'une attaque au couteau qui a fait un mort et quatre blessés fin mai 12. 
À droite: photo non datée obtenue le 13 mai 2018 montre Khamzat Azimov, un Français de 20 ans né en Tchétchénie qui a tué un homme et blessé quatre autres personnes lors d'une attaque au couteau la veille, dans le centre de Paris, d'un attentat revendiqué par le mouvement islamique.

À gauche: des hommages floraux ornent un arbre sur un trottoir à Paris le 16 mai 2018, à proximité du lieu d'une attaque au couteau qui a fait un mort et quatre blessés fin mai 12. À droite: photo non datée obtenue le 13 mai 2018 montre Khamzat Azimov, un Français de 20 ans né en Tchétchénie qui a tué un homme et blessé quatre autres personnes lors d'une attaque au couteau la veille, dans le centre de Paris, d'un attentat revendiqué par le mouvement islamique. - JACQUES DEMARTHON / AFP

Abdoul-Hakim Anaiev, ami du jihadiste qui a tué en 2018 un passant à Paris près de l'Opéra, a été condamné à 10 ans de réclusion criminelle assortis d'une période de sûreté des deux tiers, a annoncé mardi la cour d'assises spéciale de Paris.

Abdoul-Hakim Anaiev, l'ami du jihadiste qui a tué en 2018 un passant à Paris près de l'Opéra, a été condamné mardi à 10 années de réclusion criminelle assorties d'une période de sûreté des deux tiers par la cour d'assises spéciales de Paris.

Après plus de cinq heures de délibérations, le jeune homme de 26 ans a été jugé coupable de participation à une association de malfaiteurs terroriste en vue de la préparation de crimes. Il est également condamné à trois ans de suivi socio-judiciaire.

"Bien sûr nous aurions aimé, sans esprit de vengeance, sans esprit de revanche, que la cour aille un peu plus loin dans la condamnation", a réagi Carole Masliah, une des avocates représentant des parties civiles.

"La décision de la cour d'assises nous laisse un sentiment d'apaisement", a déclaré pour sa part Florian Lastelle, l'un des deux avocats de l'accusé, ajoutant que cette décision allait "permettre à ce jeune homme intelligent de préparer utilement sa réinsertion".

Le ministère public avait requis plus tôt dans la matinée 17 ans de réclusion criminelle assortis d'une période de sûreté des deux tiers. Il était jugé pour avoir joué un rôle central dans le conditionnement de son ami Khamzat Azimov, rencontré au lycée.

Un homme de 29 ans tué dans l'attentat d'Opéra

Khamzat Azimov, un Franco-Russe né en Tchétchénie, a tué le 12 mai 2018 au couteau de cuisine Ronan Gosnet, 29 ans, employé d'une librairie du quartier du Palais-Garnier, après une lutte acharnée.

L'assaillant s'en était pris à une dizaine de personnes, avant d'être abattu par la police. L'attaque avait été revendiquée par le groupe Etat islamique (EI), qui avait diffusé le lendemain une vidéo dans laquelle Khamzat Azimov faisait allégeance à l'organisation jihadiste.

"L'ombre de Khamzat Azimov plane tout au long de ce procès", avait déclaré mardi 31 octobre l'avocate générale lors de ses réquisitions.

Détaillant "l'influence évidente d’Abdoul-Hakim Anaiev sur Khamzat Azimov dans ce conditionnement", la magistrate a estimé qu'il "arme idéologiquement son meilleur ami, il nourrit son idée, son idéologie jihadiste".

"Jihad par la plume"

L'accusé avait admis dès le premier jour de son procès avoir été "radicalisé" et avoir partagé "cette idéologie" jihadiste, "bien que dégoûtante", sur les réseaux sociaux.

Né en Tchétchénie le 22 octobre 1997, Abdoul-Hakim Anaiev a raconté avoir été "sensibilisé" à la "cause syrienne" dans la foulée de la guerre civile qui a éclaté en Syrie en 2011.

Il était alors au lycée à Strasbourg, où il a fait la rencontre de Khamzat Azimov, un jeune homme présenté comme "timide" et "très discret" par plusieurs témoins.

Les deux hommes nouent alors des liens d'amitié et deviennent très proches, dépeints comme "des frères" ou "des cousins" par deux témoins appelés à la barre vendredi, rencontrés en 2017 par les deux amis.

Un procès qui intervient 2 semaines après l'assassinat de Dominique Bernard

Sur ses positions pro-État islamique, l'accusé assure ne pas "cacher" ce qu'il pensait, ajoutant que son ami, à l'inverse, "n'évoquait jamais tous ces sujets-là". Mais il "comprend" que Khamzat Azimov était, lui aussi, "radicalisé" en le découvrant face à une vidéo de propagande de l'EI.

Abdoul-Hakim Anaiev a fermement démenti avoir joué le moindre rôle dans le passage à l'acte de son ami, condamnant les attaques terroristes ayant eu lieu en France. "Comment je peux inciter quelqu'un à commettre un attentat alors que je les ai condamnés?", a-t-il interrogé.

Interrogé une dernière fois par la cour avant que celle-ci ne se retire pour délibérer, Abdoul-Hakim Anaiev a indiqué:

"La seule chose que je souhaite, c'est que je ne veux pas continuer à gâcher cette vie".

Son procès intervenait deux semaines après l'assassinat de Dominique Bernard, enseignant poignardé à mort à Arras le 13 octobre par un ancien élève russe originaire d'Ingouchie.

CA avec AFP