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"Citoyens souverains": "C'est l'exploitation de gens manipulables via les réseaux sociaux" dénonce Jérôme Marty

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Dans le Nord, un homme et une femme se revendiquant la mouvance des "citoyens souverains", ont été arrêtés par la gendarmerie le 1er avril dernier après avoir refusé de se soumettre à un contrôle. Deux personnes que les Grandes Gueules estiment manipulées par les réseaux sociaux.

C'est une vidéo qui a fait le tour des réseaux sociaux. A Esquelbecq, près de Dunkerque dans le Nord, un homme et une femme ont été arrêtés après avoir refusé de se soumettre à un contrôle routier de gendarmerie le 1er avril dernier. Dans une vidéo du contrôle, filmée par la passagère du véhicule, l'homme de 52 ans et celle-ci répètent à plusieurs reprises qu'ils "ne contracte pas": "On ne contracte pas" avec l'Etat assurent-ils, arguant que les lois françaises ne les concernent pas.

"Il a prétexté que la France était une entreprise dont les lois n'auraient qu'une valeur de 'règlements intérieurs' dont il ne relèverait pas", a expliqué à l'AFP la procureur de Dunkerque Charlotte Huet.

"Je n'appartiens plus à l'entreprise République française présidence"

Dans la vidéo du contrôle, l'homme et sa compagne expliquent qu'ils n'appartiennent plus "à l'entreprise République française, qui est une société depuis 1947" et que "le code de la route n'est qu'un code, pas une loi". "On ne contracte pas" avec l'Etat, ajoute l'homme. "Je n'appartiens plus à l'entreprise République française présidence", répète-t-il.

Les deux occupants du véhicule assurent appartenir à la mouvance des "citoyens souverains", une mouvance venue des Etats-Unis où elle est connue sous le nom de "sovereign citizens". Apparue dans les années 1970 en opposition à l'Etat fédéral, le mouvement s'est exporté au monde anglo-saxon mais n'est que peu présente en France, assure à l'AFP Tristan Mendès-France, spécialiste de l'extrémisme en ligne.

"Il y a une exploitation via les réseaux sociaux de gens manipulables"

"C'est l'américanisation des complotistes, 'je ne contracte pas', est une traduction littérale d'une expression américaine", note ce mardi sur le plateau des Grandes Gueules le philosophe Jean-Loup Bonnamy. "Ce sont des mouvements qui peuvent emmener assez loin dans la violence politique mais aussi dans la dérive sectaire, notamment sur le plan thérapeutique avec un refus des traitements de santé", ajoute-t-il.

"Il y a une exploitation via les réseaux sociaux de gens facilement trompables et manipulables", juge de son côté le docteur Jérôme Marty sur RMC et RMC Story. "Le problème avec les réseaux sociaux ce sont les algorithmes. Une fois que tu regardes une vidéo complotiste, les algorithmes ne t'envoient que ces choses-là et tu te fais enfermer dans un labyrinthe dont tu ne peux plus sortir et les seules informations que tu as, ce sont ces fausses informations. Ton monde finit constitué à 90% de fake news", ajoute le praticien.

Ce monde, celui des "citoyens souverains" c'est celui de Nicolas, routier, qui se définit comme "citoyen de sa personne" et qui dément appartenir à une "mouvance" mais plutôt à un groupe informel de "citoyens qui en ont marre". Ses explications restent confuses et pour lui, tout est privé, rien n'est public. "La République française existe sans exister, on nous réclame de plus en plus d'impôts et de taxes et on n'arrive plus à survivre", assure-t-il, expliquant qu'il n'existerait aucune obligation à payer des impôts.

GG, set et match : "Je ne contracte pas", une mouvance inquiétante ? - 09/04
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26:12

A Dunkerque, le contrôle se finit devant le tribunal

Près de Dunkerque, après plusieurs minutes de tentative de dialogue et visiblement excédés devant le refus du contrôle, les gendarmes ont fini par briser la vitre de véhicule et interpeller le couple.

Le conducteur du véhicule doit être jugé le 1er octobre à Dunkerque pour refus de se soumettre aux vérifications du véhicule et du conducteur, au contrôle d'alcoolémie et de l'usage de stupéfiants, défaut d'assurance et violences volontaires sur un militaire de la gendarmerie sans incapacité. Il encourt jusqu'à cinq ans d'emprisonnement et 75.000 euros d'amende.

G.D.