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"Il m'a mis un coup de tête": violemment agressé, ce chauffeur de bus risque maintenant un licenciement

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Pour avoir demandé à un usager qui l'avait insulté de descendre , Jean-Christophe Colombo, chauffeur de bus à Bordeaux, a été violemment frappé. Et aujourd'hui, son employeur Keolis envisage de le licencier invoquant un non-respect des règles. Le conducteur témoigne sur RMC.

Une histoire incroyable. Violemment agressé dans son bus par un usager, Jean-Christophe Colombo risque maintenant d'être licencié par Keolis, son employeur, pour ne pas avoir respecté les règles en vigueur.

Tout commence au milieu du mois de mai près de Bordeaux. Jean-Christophe Colombo, quinquagénaire et chauffeur de bus depuis 28 ans, est au volant de son véhicule: "J'ai à coeur de dire bonjour à tout le monde et de bien faire mon métier et accueillir tout le monde avec un sourire", raconte-t-il ce jeudi aux Grandes Gueules.

"Je me suis dit que c'était fini"

"Une personne est montée avec écouteurs et casquette, je lui ai dit 'bonjour', il n'a pas entendu alors je lui ai mis une petite tape amicale sur l'épaule et il m'a traité de tous les noms, j'étais en un quart de seconde stupéfait alors qu'on se fait insulter régulièrement", se souvient-il sur RMC et RMC Story. "Alors à ce moment-là je lui ai demandé de descendre, il ne l'a pas fait, j'ai ouvert mon portillon, je lui ai redemandé de descendre poliment, je l'ai poussé un peu pour qu'il descende", ajoute le conducteur de bus.

"Il m'a mis deux uppercuts dans la tête et un coup de boule qui m'a projeté à 5-6 mètres, j'ai tapé la barre avec mon épaule et il a continué à me frapper. Je me suis dit que c'était fini."

De la suite, Jean-Christophe Colombo ne se souvient que du coup de fil qu'il passe au PC sécurité et de son agresseur, qui quitte le bus tranquillement et remonte dans un autre bus avant d'être interpellé après un appel d'autres clients à la police. Selon Jean-Christophe Colombo, il aurait reconnu les faits et se serait vu proposé un aménagement par le procureur avant de se raviser au tribunal: "On lui a mis six mois avec sursis et un mise à l'épreuve de 2 ans et une indemnisation de la victime", assure le conducteur de bus.

Un chauffeur de bus tabassé risque le licenciement - 05/06
Un chauffeur de bus tabassé risque le licenciement - 05/06
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Keolis veut le licencier

Mais l'histoire ne s'arrête pas là. D'abord, Jean-Christophe Colombo doit faire face à des séquelles graves: "J'ai été opéré d'une déchirure de deux ligaments de l'épaule". Et en sortant de l'opération, il a la mauvaise surprise de recevoir un recommandé de Keolis, son employeur, qui le convoque à un entretien préalable en vue d'un licenciement. "On me reproche de ne pas avoir respecté les règles qui ne sont écrites nulle part et qui sont de ne pas quitter mon poste et de ne pas me mettre en danger", déplore-t-il.

"Monsieur Colombo s’est mis en danger en allant voir ce passager. Il n’y a pas d’ambiguïté sur sa qualité de victime, mais ce n’est pas la mission d’un conducteur de bus d’éduquer les gens", assure au Figaro Pierrick Poirier, directeur général de Keolis. "Monsieur Colombo est un conducteur expérimenté et délégué syndical : il ne peut pas ignorer cette règle", ajoute-t-il.

"Il a le culot de dire que c'est pour me protéger mais quand vous vous faites insulter, ce n'est même pas une agression pour Keolis", rétorque Jean-Christophe Colombo. "Et vous ne pouvez pas déposer plainte sur vos heures de travail", déplore le conducteur de bus qui évoque des insultes quotidiennes.

Aujourd'hui, il confie au Grandes Gueules entamer "une longue étape de reconstruction physique et mentale".

G.D.