INFO RMC. "Elle crachait de plus en plus de sang": renvoyée chez elle par les urgences, Anissa meurt 4h30 plus tard

Le témoignage de Youmoussa est bouleversant. Sa fille, Anissa, aurait eu 25 ans cette année. Sa vie s’est arrêtée brutalement le 29 décembre dernier. Prise de douleurs à la poitrine, elle est transportée au Centre Hospitalier de Saint-Denis, en banlieue parisienne.
Sur place, on lui détecte une surinfection des bronches, mais elle est priée de rentrer chez elle. Elle décède 4h30 plus tard. Pour son père, l’erreur médicale ne fait aucun doute.
“Si les urgentistes, qui sont formés à sauver des vies, ne peuvent rien faire, alors qu’est-ce que nous pouvons faire? Vraiment, nous voulons savoir la vérité. Et nous vous avons contacté pour que ces choses-là ne se répètent pas”, témoigne Youmoussa.
Le parquet de Bobigny a jugé qu’il y avait suffisamment d’éléments pour pousser les investigations. D’après nos informations, une enquête a été ouverte en recherche des causes de la mort. Grâce à RMC s'engage avec vous, la famille d’Anissa a également pu déposer plainte.
Le terrible récit des dernières heures d’Anissa
À son arrivée à l’hôpital, Anissa hurle de douleurs. Un foyer infectieux est repéré dans ses bronches grâce à une radio. Elle ne tient pas debout, mais elle n’est pas hospitalisée et l'infirmière insiste: elle doit quitter les urgences. Anissa appelle donc sa petite sœur Maïmouna.
“Je vois ma sœur en train de cracher du sang. Je vois l’infirmière et je lui demande pourquoi elle est dans cet état-là. Elle me dit qu’ils ont donné une ordonnance avec un médicament et qu’elle doit continuer à le prendre. Moi, je lui dis que je ne peux pas rentrer avec elle alors qu’elle crache du sang”.
Là encore, le personnel ne veut rien entendre, la sécurité doit même intervenir pour convaincre Maïmouna de libérer la place.
“Elle crachait de plus en plus de sang. Elle avait mal, elle souffrait. Je la dépose chez sa mère, je pars, et à mon retour, elle était partie. Anissa est décédée 4h30 après être sortie de l’hôpital”.
RMC s’est procuré le rapport d’autopsie et le dossier médical de la jeune femme. Le légiste a détecté une cardiomyopathie, une maladie génétique du muscle du cœur, qui aurait pu être diagnostiquée grâce à des examens complémentaires.
Que dit l’hôpital?
La direction de l'hôpital a rapidement répondu et dit n’avoir “rien à cacher”. Elle “exprime [son] soutien” à la famille d’Anissa. Mais elle refuse de commenter une enquête en cours.
Mais ce qui est étonnant, c’est que le directeur a appelé la rédaction pour expliquer qu’il ne répondrait à aucune de nos questions sur l’état de ses urgences, le rythme, la pénurie de soignants et l’impact sur la prise en charge des patients. Alors que la saturation du Centre Hospitalier de Saint-Denis est régulièrement dénoncée par le personnel.
Chaque année en France, on estime que pour 22 millions de passages aux urgences, 50.000 morts sont liées à des erreurs médicales. Ce qui en fait la troisième cause de mortalité, après les cancers et les maladies cardiovasculaires. “RMC s’engage avec vous” continuera d’accompagner la famille d’Anissa dans la recherche de la vérité.